L’attente

Christophe Verrey, pasteur du Foyer de Grenelle, nous question sur notre façon de vivre l’attente de la fin de l’épidémie.

Ce que le communisme a emprunté de plus fort au christianisme, mis à part une certaine idée du collectivisme, c’est bien la notion d’attente, qu’elle soit attente de l’Apocalypse ou des lendemains qui chantent.

On n’attend pas les choses de la même façon !

Le fiancé qui attend sa fiancée ne l’attend pas

comme le veilleur attend l’ennemi sur les remparts de la villei.

L’insomniaque n’attend pas le matin comme le condamné à mort !

Qu’attends-tu, toi, dans ta vie, avec ce que tu crois ?

Moi, j’attends avec confiance.

Et même si le monde m’inquiète.

Et même si la Mort rôde de tous côtés, cherchant qui dévorer.

Et même si les politiques semblent plus dépassés que puissants,

ne trouvant qu’à fermer les portes et les frontières pour enfermer le peuple.

Et même si l’économie s’inquiète de prendre froid,

avant de repartir de plus belle,

pour permettre aux riches de s’enrichir encore,

aux pauvres de devenir plus pauvres… S’ils survivent !

Moi, j’attends avec confiance.

Parce que je crois que le monde est entre les mains de Dieu, mon Père.

Et parce que je sais qu’un Père ne laisse pas mourir ses enfants,

et qu’il a promis un jour de ne pas détruire l’humanité.

Parce qu’en son fils Jésus, que je reçois comme Christ,

l’univers tout entier et toutes les créatures qui l’habitent

attendent, même dans la douleur,

« de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la Justice habiteraii »

Même si nos ancêtres dans la foi affirmaient que le croyant était particulièrement sous la protection de Dieu :
« Tu n’auras rien à redouter : ni les dangers terrifiants de la nuit,

ni la flèche qui vole pendant le jour, ni la peste qui rôde dans l’obscurité,

ni l’épidémie qui frappe en plein midi.

Oui, même si une personne tombe près de toi et 10 000 encore à ta droite, il ne t’arrivera rien ». (Psaume 91 v 5-6)

Je ne l’affirmerais pas avec autant de force,

simplement parce le peuple hébreu l’a appris à ses dépens,

ce n’est pas si simple, le destin est quelque chose de très mystérieux,

Pour la sortie du confinement.

J’attends donc avec confiance la reprise, la sortie du confinement.

Ce jour béni où nous sortirons,

bondissants comme des cabris au printemps !

Parce que nous vivons dans un temps linéaire,

parce que rien ne dure à jamais :

c’est à la fois un scandale pour celui qui meurt,

une libération pour celui qui guérit et qui vit encore un moment.

Comment réfléchir à une société nouvelle ?

Avec un État soucieux du bien public bien plus que des intérêts particuliers,

qui s’appliquera à la justice et à la paix

entre les peuples et entre les individus.

Un Etat qui nous délivre de nos enfermements,

qui sache voir les choses à long terme,

qui privilégie une économie de proximité

sans l’enfermer dans le protectionnisme…

Bref, imaginons l’Etat idéal, avec la société idéale qui l’entoure,

avec une juste règlementation,

avec des riches généreux pour les pauvres,

privé et public main dans la main,…

Le pire n’est pas forcément à venir,
sur les marchés économiques mondiaux, comme dans la société.

Que ce temps de confinement soit pour toi comme un long « shabbat »,

un temps mis à part pour penser ta relation à la transcendance,

Allah, Dieu, ou au Vide… Comme tu veux,

à ta famille, à tes amis.

Que l’attente de revoir les gens aimés de ton entourage te porte,

comme tu attendais, enfant, ce temps béni des vacances !

Mais ne ressors pas de chez toi comme tu y étais entré :

Il faut que ta vie change !

Alors ce sera le printemps !

Christophe Verrey, équipier-pasteur du Foyer de Grenelle, 9 avril 2020 -25ème jour de confinement

i Psaume 129

ii 2 Pierre 3 v 13

Le dessin est extrait de la page Facebook de Pierre Hédrich, Un dessin par jour pendant le confinement.

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