Ceux qui sont au front

Christophe Verrey, pasteur du Foyer de Grenelle, porte ses pensées vers toutes celles et ceux qui sont directement confrontés à l’épidémie.

Je pense à toi, soignant, soignante, policier ou pompier,

embarqué avec tout ton professionnalisme sur le front

dans ce combat difficile pour maintenir en vie ce qui peut l’être,

tout en croisant les doigts en espérant la guérison*…

Je pense à ta fatigue, à ton dévouement,

à cette vocation qui trouve à plein son sens dans ce combat.

J’espère qu’elle t’aidera à vivre profondément ton humanité !

Moi qui suis réfugié à l’arrière, terré dans mon abri,

comment ne pas être reconnaissant

pour toi qui me protège ?

Et j’applaudis, bien fort, tous les soirs à 20h,

et dans mon cœur à chaque fois que je pense à toi.

Je pense aussi à toi,

toi qui es malade, qui confies ta vie, bien obligé,

aux soignants : accorde-leur toute ta confiance !

Toi aussi, toi son proche, accorde confiance et prends patience :

dans bien des cas, ce n’est pas trop grave !

Et dans les cas graves, remets-toi pleinement

entre les mains de la Providence,

quel que soit le nom que tu lui donnes,

celle qui scelle notre destin et décide de l’heure de notre mort,

en lui demandant instamment que l’instant fatidique s’éloigne…

Ceux qui ont échappé

Et toi qui as la chance d’y échapper, pour l’instant,

ne te gonfle pas d’un orgueil insensé,

continue à te protéger et à protéger tes proches !

Je sais bien quelles angoisses aussi tu peux vivre,

qui vit sans, à part les insensés ?

Je sais qu’un jour viendra où cette pandémie prendra fin,

où elle sera derrière nous,

où nous redécouvrirons les plaisirs simples

de l’existence libre !

Pour les plus démunis

Et je n’oublie pas les plus démunis :

familles entières ou personnes seules,

celles que nous pouvons aider dans nos fraternités de la Mission Populaire,

mais aussi toutes les autres, migrants et sans-abris ;

celles qui n’osent pas demander ou qui ne comprennent pas ce qui se passe…

Va les trouver, explique-leur, rassure-les le mieux possible :

ce n’est pas en s’inquiétant que l’on se prémuni contre le virus !

Je pense à toi, commerçant, artisan, toi qui as dû fermer boutique

ou qui as dû faire des choix difficiles.

Pour ceux qui travaillent

Je pense enfin à toi qui travaille d’arrache-pied

pour faire en sorte que notre pays fonctionne

pour que non seulement j’ai la chance d’être soigné,

mais aussi nourri et protégé. 

Pour toi qui nettoies nos rues et vides nos poubelles,

qui assures encore les transports et fais circuler

des bus souvent vides, des métros peu garnis.

Reçois notre reconnaissance pour ta patience et ton dévouement.


Et je pense à toi, parent qui dois concilier

vie professionnelle et vie familiale,

surtout si tu te débrouilles dans de petits espaces.

Surtout si l’un d’entre vous est contaminé !

Je te souhaite de retrouver une vie familiale tendre et attentionnée.
Je te souhaite de recevoir en retour tendresse et affection,

plutôt que cris et que rages. Serrez les dents, serrez les rangs !

Le médecin dans la Bible

* En cadeau, particulièrement pour les médecins, cette petite étude :

Bien que le médecin soit connu depuis la plus haute antiquité, et que les sages-femmes des hébreux étaient très appréciées, le personnage du médecin apparait peu dans la Bible, rarement cité, et plutôt pour s’en moquer. Aussi bien dans le Nouveau Testament : « Il y avait là une femme qui souffrait d’hémorragie depuis douze ans ; elle avait dépensé tout son avoir en médecins, et aucun n’avait pu la guérir » (Luc 8:43) que dans le Premier : « au lieu de rechercher le secours du Seigneur, il consulta des médecins » (2 Chroniques 16 v 12).

Il s’agit bien sûr de mettre en valeur la toute-puissance de Dieu ou l’art de guérison de Jésus, non de contester la valeur de la médecine, quelque primitive qu’elle ait pu l’être à l’époque.

Je vous propose aussi cet intéressant passage des deutérocanoniques du 1er testament, dans le livre du Siracide, dit aussi l’Ecclésiastique, chapitre 38, un rien plus valorisant :
« Au médecin, rend les honneurs qui lui sont dues, en considération de ses services car lui aussi, c’est le seigneur qu’il a créé. C’est en effet du Très-Haut que vient la guérison, comme un cadeau que l’on reçoit du roi.La science du médecin lui fait porter la tête haute, il fait l’admiration des puissants.Mon fils quand tu es malade, ne t’énerve pas mais pries le seigneur, il te guériras. Renonce à tes fautes, garde les mains nettes de tout péché, purifie ton cœur. Puis ais recours au médecin. Car le seigneur l’a créé lui aussi, ne l’écartes pas car tu as besoin de lui.

Il y a des cas où la santé est entre leurs mains.

À leur tour, en effet, ils prient le seigneur qu’il leur accorde la faveur d’un soulagement et la guérison pour sauver la vie. Celui qui pêche aux yeux de son créateur, qu’il tombe au pouvoir des médecins ! »

Comme l’on voit, même si la maladie est imputée un peu rapidement au péché, il reste au pécheur une issue possible aux mains du médecin, bien placé pour aider à la guérison, lorsqu’elle n’a pas été donnée directement dans la prière.

Prier d’abord, consulter ensuite. C’est ce que l’on peu souhaiter de mieux au croyant, pour arriver au terme de sa maladie… Dans l’espérance de la guérison, ou de la résurrection ! En tout cas, dans la confiance en Dieu !

Christophe Verrey, équipier-pasteur du Foyer de Grenelle (Paris 15e)

Le dessin est extrait de la page Facebook de Pierre Hédrich, Un dessin par jour pendant le confinement.

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