La Bible en 50 pages

Babel

05/50 – Babel

À la fin du récit du déluge, les descendants de Noé ont peuplé la terre chacun selon sa langue[1]. Et puis en un verset, nous assistons à une rétractation générale : « Toute la terre parlait la même langue, avec les mêmes mots… ils trouvèrent une vallée, et ils s’y installèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Faisons donc des briques et cuisons-les au feu… Bâtissons-nous donc une ville et une tour dont le sommet atteigne le ciel, et faisons-nous un nom[2]. » Les humains ont construit une tour, mais Dieu est intervenu pour brouiller leur langue : « Le Seigneur les dispersa de là sur toute la terre : ils cessèrent de bâtir la ville[3]. »

L’intervention de Dieu surprend, car après tout, n’est-il pas normal que l’humanité s’unisse et s’organise ? Quel mal y a-t-il à ce que des humains s’attellent à un projet ambitieux, qu’ils cherchent à se protéger contre les aléas de l’existence et les risques de la dispersion ? Trois raisons expliquent l’attitude de Dieu.

Toute la terre parlait la même langue, la langue technicienne. Une brique était une brique et le mortier était du mortier, pour le sage comme pour le sot. La langue de Babel est une langue sans émotion, sans métaphores, sans poésie, sans mots pour exprimer ses sentiments.

Faisons donc des briques et cuisons-les. Les briques sont le symbole d’une société. À la différence des pierres, elles sont toutes identiques. Pour entreprendre la construction, les hommes sont unis, mais c’est une unité basée sur le refus des différences, une uniformité dans laquelle chaque sujet est réduit à son utilité. Les humains ne sont plus que des briques interchangeables.

Faisons-nous un nom, au lieu de recevoir son nom d’un autre. Se faire un nom, c’est croire qu’on existe par ses constructions. C’est par ses œuvres que l’humain veut atteindre le ciel, ce qui revient à vouloir se débarrasser de Dieu.

Dans le jardin, l’homme et la femme avaient mangé le fruit pour devenir comme des dieux. À Babel, ils ont prolongé cette ambition, collectivement.

[1] Gn 10.5,20, 31.

[2] Gn 11.1-3.

[3] Gn 11.8.


05/50 – Babel

Babel

À la fin du récit du déluge, les descendants de Noé ont peuplé la terre chacun selon sa langue[1]. Et puis en un verset, nous assistons à une rétractation générale : « Toute la terre parlait la même langue, avec les mêmes mots… ils trouvèrent une vallée, et ils s’y installèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Faisons donc des briques et cuisons-les au feu… Bâtissons-nous donc une ville et une tour dont le sommet atteigne le ciel, et faisons-nous un nom[2]. » Les humains ont construit une tour, mais Dieu est intervenu pour brouiller leur langue : « Le Seigneur les dispersa de là sur toute la terre : ils cessèrent de bâtir la ville[3]. »

L’intervention de Dieu surprend, car après tout, n’est-il pas normal que l’humanité s’unisse et s’organise ? Quel mal y a-t-il à ce que des humains s’attellent à un projet ambitieux, qu’ils cherchent à se protéger contre les aléas de l’existence et les risques de la dispersion ? Trois raisons expliquent l’attitude de Dieu.

Toute la terre parlait la même langue, la langue technicienne. Une brique était une brique et le mortier était du mortier, pour le sage comme pour le sot. La langue de Babel est une langue sans émotion, sans métaphores, sans poésie, sans mots pour exprimer ses sentiments.

Faisons donc des briques et cuisons-les. Les briques sont le symbole d’une société. À la différence des pierres, elles sont toutes identiques. Pour entreprendre la construction, les hommes sont unis, mais c’est une unité basée sur le refus des différences, une uniformité dans laquelle chaque sujet est réduit à son utilité. Les humains ne sont plus que des briques interchangeables.

Faisons-nous un nom, au lieu de recevoir son nom d’un autre. Se faire un nom, c’est croire qu’on existe par ses constructions. C’est par ses œuvres que l’humain veut atteindre le ciel, ce qui revient à vouloir se débarrasser de Dieu.

Dans le jardin, l’homme et la femme avaient mangé le fruit pour devenir comme des dieux. À Babel, ils ont prolongé cette ambition, collectivement.

[1] Gn 10.5,20, 31.

[2] Gn 11.1-3.

[3] Gn 11.8.


Dieu résiste aux orgueilleux

Dans l’épître de Jacques : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il accorde sa grâce aux humbles[1]. » Dieu pose une limite au pouvoir des prétentieux, il a bien contré le projet totalitaire de Babel ! Et il accueille favorablement celui qui se tourne vers lui dans la reconnaissance et la pauvreté intérieure.

À propos de construction, le père de l’Église Dorothée de Gaza écrivait : « Le bâtisseur doit poser chaque pierre sur du mortier, car s’il mettait les pierres les unes sur les autres sans mortier, elles se disjoindraient et la maison tomberait. Le mortier, c’est l’humilité… Une vertu sans humilité n’est pas une vertu. »

[1] Jc 4.6.