Le Saint-Sépulcre est une ancienne église chrétienne, dont la première version date de la période constantinienne. Elle est construite sur un des lieux supposés du tombeau de Jésus.
Histoire
Suite à la révolte judéenne de 132-135, l’empereur Hadrien décide d’expulser les Judéens de Jérusalem et de changer le nom de la ville pour fonder une colonie romaine appelée Aelia Capitolina. De nombreux temples païens furent alors édifiés, dont un sur l’emplacement actuel du Saint-Sépulcre.
Deux siècles plus tard, considérant que c’était le lieu du Golgotha, Macaire, évêque de Jérusalem, demanda à l’empereur Constantin l’autorisation de détruire ce bâtiment païen pour chercher le tombeau du Christ. D’après les indications de l’époque, il semble que des indices probants aient été retrouvés sur place, ce qui poussa alors les chrétiens à construire un ensemble de bâtiments qui fut officiellement inauguré le 13 septembre 335. Le point culminant de cet ensemble était l’Anastasis, qui veut dire « résurrection » en grec, avec au centre la tombe du Christ.
En 614, Jérusalem est prise par les Perses qui pillent la ville durant trois jours. Le complexe du Saint-Sépulcre, dans lequel des chrétiens s’étaient réfugiés, est incendié et beaucoup de personnes périrent. La ville a ensuite été très vite reprise par l’empire byzantin et les églises reconstruites. Cette nouvelle période byzantine fut cependant de courte durée puisqu’en 638, le calife Omar s’empare de la ville. Pendant quatre siècles, les musulmans dominèrent politiquement la ville.
En 1009, le calife fatimide d’Egypte al-Hakim, qui se considérait comme Dieu et voulait abolir toutes les religions existantes au profit de son propre culte, donna l’ordre de détruire toutes les églises de Palestine, d’Egypte et de Syrie. Cette destruction se voulait totale, mais certaines structures constantiniennes de l’Anastasis résistèrent. La restauration de l’édifice est ensuite prise en charge par l’empereur de Constantinople et achevée en 1048.
En 1099, les croisés s’emparent de la ville et le comte Godefroy de Bouillon reçoit le titre d’« Advocatus », c’est-à-dire de protecteur laïc du Saint Sépulcre. Les croisés effectuent alors de nombreux travaux avec comme objectif la création d’une basilique unique qui regrouperait les différents lieux de mémoire. La basilique du Saint Sépulcre actuelle est l’héritière de cette volonté puisqu’elle rassemble en un seul édifice les différents souvenirs liés à la mort et à la résurrection du Christ.
Après la reprise de Jérusalem par Saladin, le lieu devient plus difficile d’accès pour les pèlerins chrétiens. Ils doivent payer des sommes importantes et le voyage n’est pas toujours très sûr.
En 1244, Jérusalem est prise et pillée par les Khwarezmiens, une population d’origine iranienne, ce qui provoque la mort et l’expulsion de beaucoup de chrétiens. La basilique est de nouveau endommagée. Le sultan prend en charge la reconstruction et confie les clés à deux familles musulmanes qui profitent de cela pour réclamer de fortes sommes d’argent aux pèlerins souhaitant visiter le Saint-Sépulcre.
En 1291, les Mamelouks s’emparent de la ville et se considèrent désormais comme les propriétaires légaux du Saint Sépulcre. Aux Mamelouks succèdent ensuite les Ottomans à partir de 1517. Depuis 1453, ceux-ci contrôlent Constantinople et le sultan avait alors déclaré que le patriarche de Constantinople était le chef civil et religieux de tous les chrétiens d’Orient vivants dans son empire. Les différentes confessions chrétiennes se livrèrent alors à toutes sortes d’intrigues pour tenter de prendre le contrôle du Saint-Sépulcre. Les orthodoxes essayèrent notamment de s’en attribuer la possession exclusive. Les protestations des pays catholiques, dont la France, empêchèrent cependant le pouvoir ottoman de céder à ces revendications.
En 1808, la basilique du Saint-Sépulcre subit un grave incendie. L’Europe latine, en pleines guerres napoléoniennes, ne put pas s’occuper de la restauration et c’est la Russie, devenue patronne de l’orthodoxie, qui obtint la permission d’effectuer cette restauration, au nom de l’Église orthodoxe.
La défaite de l’Empire ottoman lors de la première guerre mondiale marque la fin de cette période et c’est l’Angleterre qui hérite, sous forme d’un mandat administratif, de la Palestine. Plusieurs séries de travaux sont effectuées, suite notamment au grand tremblement de terre de 1927. Après les Britanniques, ce sont les Jordaniens qui deviennent politiquement responsables du lieu. Le roi Abdallah de Jordanie effectue alors une visite le 27 mai 1948. Quelques mois plus tard, en novembre 1949, un grand incendie se déclare et endommage une partie de la toiture de la grande coupole.
En 1959 les représentants des trois principales communautés (grecque-orthodoxe, latine et arménienne) trouvent enfin un accord pour un projet commun de restauration de la basilique. Les travaux commencent dès l’année suivante.
Depuis 1967, et la prise complète de Jérusalem lors de la guerre des Six Jours, la basilique du Saint-Sépulcre est sous contrôle israélien. Par ailleurs, les relations entre les différentes communautés chrétiennes se sont progressivement améliorées (même s’il y a encore des incidents).
Le Saint-Sépulcre est actuellement réparti entre six Eglises. Il y a trois occupants principaux, les Latins, les Grecs-Orthodoxes et les Arméniens, qui ont un droit de possession et d’usage et trois occupants secondaires, les Syriens, les Coptes et les Ethiopiens, qui ont seulement un droit d’usage.
Comme vous avez pu le constater, les Eglises protestantes sont totalement absentes. Elles sont en fait regroupées autour d’un autre lieu, le Jardin de la Tombe, qui sera l’objet de ma prochaine présentation.
Configuration actuelle
Plan de la basilique du Saint-Sépulcre
(1) Parvis et entrée
Actuellement, on accède à la basilique par une porte unique dont l’ouverture est confiée depuis plusieurs siècles à deux familles musulmanes.
En nous mettant face à cette porte, nous voyons à notre gauche un clocher et à droite un escalier permettant d’accéder à la chapelle des Francs. En dessous se situe un oratoire dédié à sainte Marie l’égyptienne. Le long des cotés, on peut aussi voir les entrées des chapelles grecque, arménienne et éthiopienne.
Dans son ensemble, la basilique est construite autour des évènements entourant la mort et la résurrection du Sauveur.
(2) Passion, crucifixion et onction
En entrant dans la basilique, on aperçoit immédiatement la pierre de l’onction, attestée pour la première fois à la fin du 13e siècle. Elle commémore l’onction du corps de Jésus après sa mort. Juste derrière, une mosaïque murale moderne représente le parcours du corps de Jésus, descendu de la croix, parfumé avec des huiles odorantes et déposé dans le tombeau neuf. En avançant un peu, on arrive à la montagne du Golgotha, le rocher sur lequel la croix a été hissée.
L‘étage supérieur, construit par les croisés, est occupé par deux chapelles. La chapelle de la Crucifixion, qui appartient aux catholiques, et la chapelle du Calvaire, qui appartient aux orthodoxes.
Sous le Calvaire une chapelle est dédiée à Adam. Les croisés y avaient déposé les corps de Godefroy de Bouillon et de Baudouin, premier roi de Jérusalem. Mais ces tombes furent détruites par les Grecs lors de la restauration consécutive à l’incendie de 1808.
Tout au long de l’édifice, on peut découvrir d’autres chapelles : celle de la Colonne des Injures, du Partage des Vêtements, de Saint Longin, puis celle de la Prison du Christ.
(3) Ensevelissement et résurrection
En allant sur la gauche, on rejoint l’Anastasis. C’est au centre de cette pièce que se trouve l’Edicule du Saint Sépulcre restauré et inauguré en 1997, puis à nouveau restauré en 2017. C’est la première fois, depuis 1810, qu’il est entièrement visible.
C’est à cet endroit qu’était érigée la fondation constantinienne d’origine. Les colonnes originales, trop abîmées, ont été remplacées par des colonnes massives décorées par des chapiteaux modernes sculptés dans le style byzantin du 5esiècle. Autour de la place, on trouve une série de pièces fermées réservées aux sacristies arménienne, grecque et copte. Au fond, il y a aussi une «Chapelle des Syriens », qui reste accessible aux visiteurs. Une porte basse et étroite taillée dans la pièce permet d’entrer dans une tombe typique de l’époque de Jésus appelée « Kokim ».
Au centre de la Rotonde se trouve l’Edicule. Dans sa forme actuelle, il a été réalisé par les Grecs après l’incendie de 1808 et a remplacé celui des franciscains datant du 16e siècle. Cet Edicule est lui-même composé de deux pièces. Tout d’abord un vestibule, la chapelle de l’ange, puis la chambre funéraire à proprement parler où se trouve le banc de marbre recouvrant le rocher sur lequel, dit-on, fut déposé le corps de Jésus.
Derrière l’Edicule, se trouve la chapelle des Coptes.
(4) Le Catholicon
Le centre de la basilique est occupé par le catholicon qui appartient à l’Eglise orthodoxe de Jérusalem. Il est occupé par la Confrérie du Saint Sépulcre, formée par des moines Grecs-Orthodoxes et présidée par le patriarche de Jérusalem.
A l’intérieur, on peut voir une coupole à tambour, recouverte d’une récente mosaïque de style byzantin représentant le Christ Pantocrator entouré par les évêques et les patriarches de Jérusalem.
On peut aussi noter la présence d’un vase de marbre rose contenant une pierre ronde marquée d’une croix symbolisant l’omphalos, c’est-à-dire le centre du monde. Reprenant des éléments de la tradition juive, les chrétiens du Moyen-Âge représentaient sur leurs cartes la ville de Jérusalem comme le centre du monde.
(5) Apparitions après la résurrection et (6) monastère franciscain
Au nord de la Rotonde (3), se trouve la zone consacrée à la Résurrection. Cet espace appartient aux franciscains et contient deux chapelles et un monastère (6), dans lequel il est possible de dormir.
(7) Le recouvrement de la Vraie Croix
Un escalier permet de descendre et d’accéder à la chapelle dédiée à Sainte-Hélène, la mère de Constantin, qui joua un rôle important dans la promotion de la nouvelle basilique. Construite par les croisés, la chapelle appartient depuis le 12e siècle aux Arméniens. A partir de cette chapelle, on peut encore descendre et accéder à une chapelle inférieure dite du «Recouvrement de la Croix ». Nous sommes alors dans le point le plus bas de l’église.