Le monde syriaque

Dans le christianisme ancien, trois langues ont joué un rôle important : le grec, le latin et le syriaque. Les christianismes grecs et latins sont bien sûr les plus connus en Occident, mais je vous propose ici de découvrir le christianisme syriaque, quelque peu méconnu. 

L’origine du syriaque 

Le « syriaque » est en fait un dialecte araméen, la langue que parlait Jésus. L’araméen a commencé à se répandre dans tout le Moyen Orient au cours du premier millénaire. Le roi assyrien qui a pris Samarie en 722 av. J.-C. a aussi conquis les royaumes alentours et déportés leurs habitants. C’est cette déportation qui a permis la diffusion de l’araméen, qui était la langue parlée par ces habitants. 

L’araméen est devenu la langue du peuple judéen après l’exil à Babylone et l’était encore à l’époque de Jésus. Toutefois, d’une région à l’autre, il y avait des variations dialectales. Jésus, par exemple, parlait l’araméen « palestinien », qui a aujourd’hui pratiquement disparu. Le syriaque provient lui du dialecte édessenien qui, comme son nom l’indique était parlé à Edesse, la capitale du royaume d’Osrhoène. 

Ce dialecte a ensuite été adopté par les chrétiens et diffusé dans les Eglises d’Orient, notamment celles qui étaient à l’intérieur de l’empire perse. Il est resté une langue de culture majeure jusqu’au 13e siècle. 

Les débuts de l’Église

Une légende raconte que Jésus aurait écrit une lettre au roi Abgar V (4 av.-7 apr. puis 13-40) Ce récit est assez ancien, puisque son existence est déjà attestée au début du 4e siècle par Eusèbe de Césarée. D’un point de vue historique, il est plus probable que l’Eglise se soit développée un siècle plus tard sous le règne d’Abgar VIII (177-212).

Il existait déjà une forte communauté judéenne dans ce royaume et c’est probablement dans ce milieu qu’a été initié la traduction de la Bible hébraïque en syriaque (la « Peshitta »). Ce judaïsme semble d’ailleurs avoir été indépendant des rabbins jusqu’au 4e siècle. 

Très tôt les chrétiens se mirent à écrire et on peut citer comme auteurs Aphraate le Sage persan ou Ephrem de Nisibe. On peut signaler que, d’un point de vue littéraire, le christianisme syriaque accorde une grande place à la poésie. 

Le christianisme syriaque

Ce christianisme a eu une existence très différente des christianismes de langue grecque ou latine. Tout d’abord, il n’a jamais accédé au pouvoir politique. Les Églises syriaques ont toujours vécu sous des pouvoirs politiques non-chrétiens, essentiellement zoroastriens (les Parthes arsacides, puis les Perses sassanides) jusqu’au milieu du 7e siècle, puis musulmans. Elles connurent aussi d’autres religions en Asie orientale. 

Ces Églises furent en effet très missionnaires et allèrent même jusqu’en Chine à une époque ancienne. Toutefois, ces Églises furent aussi victimes de grandes violences au cours de leur histoire et ces implantations en Asie orientale furent finalement décimées, suite aux invasions mongoles notamment. 

Les Églises syriaques

Aujourd’hui, il existe cinq grandes Eglises de tradition syriaque, sans compter les éventuelles communautés protestantes, trois Églises catholiques et deux Églises orthodoxes. 

Les Églises catholiques sont l’Église maronite, l’Église syrienne catholique et l’Église chaldéenne, tandis que les Églises orthodoxes sont l’Église syrienne-orthodoxe et l’Église assyrienne. 

Conclusion

Cet article est purement introductif. Je consacrerai d’autres articles à la culture et aux Églises syriaques. Par ailleurs, si vous voulez en savoir plus, je vous recommande le livre de Françoise Briquet-Chatonnet et Muriel Dubié auquel j’ai emprunté le titre de l’article. 

Bibliographie

Briquel-Chatonnet, F. & Dubié, M. (2017). Le monde syriaque. Sur les routes d’un christianisme ignoré. Paris : Les Belles Lettres. 

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