Une définition de la spiritualité à la suite de notre carrefour national

Un homme parle devant l'assemblée au carrefour de la Mission Populaire

Le carrefour national de la miss pop du 11 et 12 novembre avait pour thème Vivre et manifester l’Évangile aujourd’hui en milieu populaire ! Quelles animations spirituelles pour toutes et tous ? Retour sur une notion très discutée pendant ces deux jours : la spiritualité.

En France, pays très empreint de la notion de laïcité, il est toujours délicat d’aborder la spiritualité, particulièrement dans les associations loi 1901, comme le sont toutes les fraternités de la Mission Populaire Évangélique de France, même si nos racines sont clairement ancrées dans le terreau de la foi chrétienne du protestantisme.


Le carrefour de la Miss Pop qui s’est déroulé vendredi 11 et samedi 12 novembre 2022 à Paris, réunissait
bénévoles, salariés, dirigeants et autres personnes proches de nos fraternités, autour de la thématique de la spiritualité. Un menu riche pour deux belles journées d’échange, de témoignages, d’animations spirituelles pour permettre l’expression des spiritualités, dans le respect des convictions de chacun des participants de nos fraternités.


Je retiendrai de ce carrefour que la spiritualité ce n’est pas la religion, mais qu’elle est le sens que chacun donne à sa vie, une transcendance qui colore nos engagements pour vivre une relation fraternelle avec les autres.


Le journaliste, sociologue, religiologue Eric Vinson, invité à ce carrefour, nous a ouvert à tous, un champ des possibles très ressourçant, en nous rappelant que parmi les grands hommes qui ont marqué l’histoire par leurs luttes pour l’égalité, la reconnaissance des droits des minorités, la plupart n’étaient pas des chefs de guerre, des puissants ou des rois, mais juste des hommes humbles, non-violents, engagés au plus près des exclus, vivants dans la simplicité.

Mais ne nous y trompons pas, s’ils sont devenus des guides, c’est aussi parce qu’il émanait d’eux cette spiritualité qui les guidait eux même.
Parmi les grandes personnes qui ont marqué l’histoire par leurs luttes pour l’égalité, la reconnaissance des droits des minorités, la plupart n’étaient pas des chefs de guerre, des puissantes ou des rois ou reines, mais juste des humbles, des non-violentes, des engagées au plus près des exclus, vivant dans la simplicité.… ceux dont les noms sont partout dans nos cités de pays bien laïc, tant dans des centres sociaux, culturel que dans des écoles ou même des places publiques qui brandissent leurs noms, alors qu’ils étaient incontestablement tous des leaders très charismatiques. Ils s’appellent Gandhi, Martin Lutter King, le Dalaï lama, Nelson Mandela ou encore Vaclav Havel, Ibbrahim Rugova.

Personnellement, j’ajouterai à cette liste Sœur Emmanuelle, Raoni, mère Térésa, Rosa Parks mais aussi Fatima Mernissi, sociologue féministe marocaine que j’ai eu le plaisir de rencontrer, sans oublier un certain Jésus.

Alors, pour chacun d’entre nous, dans nos fraternités, il devient possible de se dire que ces personnages, qui ont fait la grande histoire du monde, continuent d’éclairer nos chemins pour nous faire nous engager à défendre les valeurs de la Mission Populaire figurant dans notre charte : la justice remplace l’oppression, l’équité remplace l’exploitation, le partage remplace le pillage, la dignité remplace le mépris.

C’est bien là, qu’est la mission de nos associations, être des lieux d’accueil spécifiques capables de lier social, politique et spirituel dans un équilibre qui remet debout.
C’est parce que nous ne sommes ni des donneurs de conseils, ni de leçons, pas des sachant qui étalent leur science, ni des décideurs qui accordent ou pas un droit, que celui que nous accueillons, nous reconnait comme un frère.
Être petit et faible pour entrer dans une relation fraternelle : Oui ! C’est lorsque nous sommes petits, avec
toutes nos faiblesses humaines que nous avons la capacité d’être au plus proche de ceux qui nous sollicitent pour une aide. C’est là, qu’ils voient en nous ce frère, cette sœur, ce cousin, parfois la brebis égarée comme eux et pas juste un travailleur social, un formateur ou un conseiller, même si celui est empathique. C’est là que la confiance mutuelle peut s’instaurer et que le vrai partage commence, parce que nous sommes avec eux et comme eux.


Elle est là la spiritualité.

La solidarité est comme cette histoire de bocal que l’on remplit d’abord avec de gros cailloux et que l’on croit plein, puis ont y ajoute du gravier qui vient se glisser dans les trous. On le croit à nouveau plein, mais si on ajoute du sable, celui-ci se glisse dans les interstices et là, il n’y a plus de place… et pourtant, si on y verse de l’eau, celle-ci s’infiltre partout. La spiritualité est cette eau, elle est là entre nos actions, nos cours, nos aides, nos plaidoyers, nos fêtes, nos repas.


Elle est partout où nous mettons du sens, de l’humanité, de la fraternité.


Elle est dans ces parenthèses, dans ces espaces entre les choses établies, elle se glisse dans les interstices pour nous remplir, pour nourrir la rencontre fraternelle, de façon implicite par notre attitude et nos actions et aussi parce que nous savons parler de nos croyances, de nos valeurs, du sens du divin et de l’amour de l’humain qui nous fait agir avant tout avec nos cœurs.

Véronique Megnin bénévole à la Frat’Aire, Fraternité Mission Populaire de l’Aire Urbaine (Pays de Montbéliard)