Face aux débats budgétaires qui crispent le pays, une question traverse l’hémicycle comme la société : que voulons-nous soutenir en priorité ? Dans une France où les plus fragiles sont trop souvent montrés du doigt et où le discours anti-immigration progresse, Sylvain Cuzent alerte sur le danger d’un recul de la solidarité.
L’actuel débat parlementaire sur le budget met en évidence les divergences de vues entre les divers courants représentés à l’Assemblée. Pour quelques-uns, qui n’ont sans doute pas besoin des aides sociales pour vivre, le social coûte trop cher ! Elles seraient un encouragement à la paresse ! Nous n’avons plus les moyens de « l’état providence » ! Il faudrait donc couper dans les dépenses, supprimer ou diminuer les aides, les conditionner en tous cas à des exigences nouvelles ! Et là on voit poindre le discours anti-immigration : il faut réserver les prestations aux personnes ayant la nationalité française ! Les Français de souche bien sûr ! Le discours anti-immigrés asséné depuis des années par l’extrême droite (même si elle conteste ce qualificatif) nous a entrainés sur cette pente. Dans les années 50 ou 60, parce qu’on avait besoin de main-d’œuvre pour faire tourner notre économie et reconstruire le pays après-guerre, l’immigration était considérée comme un apport positif, un enrichissement. Peu à peu sous la pression de l’extrême droite, nous avons dérivé au point qu’aujourd’hui on en parle comme d’un « problème ». L’intégration est même stigmatisée même si les études sociologiques font apparaitre au contraire une intégration lente, progressive et régulière. Le nombre de mariages « inter ethniques » en est un des critères. Arrêtons de criminaliser les pauvres ! Ceux qui ont besoin des aides pour boucler les fins de mois (parfois en tirant la langue et en se serrant la ceinture !) Des problèmes réels existent et gangrènent notre société : le chômage des jeunes notamment. Redonnons plutôt de la confiance, des perspectives, de l’espérance. Aidons les personnes à sortir la tête de l’eau et à faire valoir leurs droits. Donnons des moyens aux associations au lieu de couper les financements ! Ces dépenses sont en fait des investissements. Leur travail est essentiel pour le lien social. Associations sportives, d’aide à l’insertion … Fraternités Mission Populaire aussi, elles sont indispensables à la paix civile. Renforçons les moyens de « France travail », ceux de l’école, de la formation et de l’apprentissage, pour la santé, pour la réinsertion des personnes emprisonnées … Le libéralisme économique dominant veut toujours moins d’État. Battons-nous pour le défendre et pour plus de justice, sociale et fiscale.
Sylvain CUZENT,
Président de la MPEF