En cette Journée internationale de la mémoire des victimes de l’Holocauste, et alors que l’antisémitisme refait surface dans nos sociétés, Sylvain Cuzent, Président de la MPEF, nous appelle à la vigilance face aux violences et discriminations qui persistent.
l y a 80 ans, le 27 janvier 1945, l’armée soviétique libérait le camp d’Auschwitz et découvrait avec horreur la réalité de la Shoah, les camps d’extermination avec leurs chambres à gaz et leurs fours crématoires. Les nazis, conscients de la gravité de leur action, avaient bien tenté d’en effacer les traces en dynamitant des fours crématoires, en emmenant dans une marche de la mort près de 40.000 des survivants, en comblant les fosses et recouvrant de terre les cendres des victimes. Ils brulèrent les listes des juifs exterminés et une partie de la documentation des camps. Malgré ces tentatives d’effacer toutes traces les soldats découvrirent avec horreur la réalité de la Shoah, plus d’un million et demi de vêtements entassés dans des baraquements, des milliers de chaussures, … 6 millions de juifs furent exterminés.
80 ans plus tard cette date est celle de la « Journée internationale à la mémoire des victimes de l’holocauste » et depuis 2005 la date retenue en mémoire de tous les génocides et pour œuvrer à la prévention des crimes contre l’humanité. Parce que le monde n’est pas devenu plus paisible. Au Kosovo, au Rwanda d’autres génocides ont été perpétrés sans oublier les milliers de victimes des guerres de décolonisation, en Afrique, au Vietnam et ailleurs, ni les milliers de morts à Gaza depuis octobre 2023.
Dans notre pays les écoles, les collèges et les lycées sont invités chaque année à évoquer ce passé dramatique et participer au concours national de la Résistance et la Déportation. Ainsi que l’écrivait Jules ISAAC, fondateur des amitiés judéo chrétiennes en 1948, il s’agit que « l’enseignement du mépris cède la place à l’enseignement de l’estime ».
Malheureusement on l’a vu au cours de l’année qui vient de s’écouler l’antisémitisme est toujours là, toujours prompt à ressurgir créant pour les juifs un sentiment profond d’insécurité.[1] Il nous revient à tous d’être vigilants à nos déclarations, à nos paroles, à nos attitudes, à nos actions et, comme l’Évangile nous y invite, à être des artisans de paix.
[1] En 1948 était créé l’État d’Israël selon une décision de l’ONU de novembre 1947. Il représentait pour tous les juifs du monde, le lieu où l’antisémitisme et les pogroms ne pourraient avoir lieu. L’attaque terroriste du 7 octobre 2023 est venue ébranler cette espérance. « L’épreuve de l’unité dans la conscience la plus grande – la Shoah – a été irrémédiablement réactivée » écrivent Bruno KARSENTY et Danny TROM (in La fin d’une illusion – PUF – p.17)