Redonner leur juste place aux femmes, au-delà du 8 mars

Chaque année, la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes met en lumière les femmes. Mais une seule journée suffit-elle à reconnaître leur rôle et leur engagement dans l’histoire, nos sociétés et nos fraternités ? Et si rendions hommage toute l’année aux femmes qui ont marqué le monde, souvent dans l’ombre des hommes.

Le 8 mars, comme chaque année, nous nous souvenons que la moitié de l’humanité est composée de femmes, dans le cadre de « la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes ». Nous marquons le coup, en organisant le plus souvent dans les associations, les syndicats, parfois dans les églises, une animation, au plus une journée, qui leur est consacrée.

Dans ma vie professionnelle d’animatrice, j’ai participé à de nombreux temps festifs de ce genre où on se donnait l’illusion, pour une journée, de « célébrer » les femmes, en organisant un repas préparé et servi, pour une fois dans l’année, par des hommes, en participant à un atelier beauté / bien-être et parfois en allant au cinéma ou au théâtre, voir à un spectacle programmé pour l’occasion. Bien faible honneur, me semble-t-il, pour celles, qui demeurent trop souvent invisibles au quotidien et qui font pourtant elles aussi l’histoire.

Comme nous n’échappons pas nous même, dans nos fraternités de la Mission Populaire à cette tradition, nous avons choisi cette année à la Frat’Aire de découvrir des portraits de femmes qui ont marqué l’histoire en répondant ensemble à des Quizz. Certains participants ont découvert à cette occasion, des femmes qui ont contribué à changer le monde à leur façon, parfois dans la lumière, trop souvent dans l’ombre d’hommes qui restent les seuls nommés et honorés pour leurs découvertes, leurs exploits ou leurs arts.

Redécouvrir les femmes qui ont fait l’Histoire et celles qui la font aujourd’hui

Parmi elles, celles qui ont brillé par leurs luttes, leurs engagements, leurs exploits, leurs découvertes scientifiques ou leur courage et leur abnégation. Nous avons évoqué Rosa Parks qui lutta pour les droits civiques aux états unis ; Simone Veil qui porta  à l’Assemblée nationale le droit à l’avortement ; Marie Curie prix Nobel de physique et de chimie ;  Olympe de Gouges demandant l’égalité des droits hommes/femmes à la Révolution française ; Gisèle Halimi avocate au « procès de Bobigny » qui fit acquitter la jeune Marie-Claire Chevalier, jugée pour avortement suite d’un viol ;  Marie Marvingt héroïne de guerre, aviatrice, infirmière, alpiniste  journaliste et  femme la plus décorée de France, surnommée « la fiancée du Danger » ;  Berthe Morisot figure majeure de l’impressionnisme ; Malala Yousafzai,  militante pakistanaise pour la scolarisation des filles et tant d’autres, dans tous les domaines comme Colette, Georges Sand,  Frida Khalo,  Joséphine Backer, Simone de Beauvoir, Elisabeth Badinter, Line Renaud, Louise Michel, Lucie Aubrac…

Et nous avons pensé à celles qui ont défrayé la chronique, cette année, comme : Gisèle Pelicot, pour son courage au procès des viols qu’elle a subi.  Aya Nakamura et Axel Saint-Cirel, pour leurs chants à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Ahou Daryaei, l’étudiante iranienne qui s’est dénudée pour protester contre le port obligatoire du voile. Loulia Navalnaïa, veuve d’Alexeï Navalny, la représentante de l’opposition à Vladimir Poutine.

Les figures de la bible, du protestantisme et de la Mission Populaire

Il ne faudrait pas oublier qu’aussi dans la Bible et contrairement à ce que l’on pourrait croire, les femmes sont nombreuses à avoir fait l’histoire du peuple de Dieu. Elles se nomment entre autres : Ruth, Sara, Agar, Elisabeth, Rebecca, Marie la mère de Jésus, Marie-Madeleine,  Marthe et Marie… mais aussi les anonymes, comme la samaritaine à qui Jésus demande de l’eau, la femme malade d’hémorragies qui touche le manteau du Christ pour guérir, celle qui verse le parfum sur Jésus. Toutes ces femmes font aussi l’histoire du peuple de Dieu et leurs rencontres avec le Christ sont des références incontournables de témoignage de foi. 

Nous pouvons aussi citer quelques figures du protestantisme et de la Mission Populaire : Marie Durand enfermée pendant 28 ans dans la prison de la tour de constance à Aigues-Mortes pour avoir refusé d’abjurer sa foi protestante. Suzanne de Dietrich, qui est à l’origine de la création de la Cimade et Madeleine Barot qui en fut la secrétaire générale de la Cimade de 1940 à 1947 défendant les droits des personnes déplacées. Camille Savary, Violette Mouchon et Antoinette Butte qui créent le scoutisme féminin, à la Frat de la Mission Populaire de la maison Verte. Berthe Bertsch, la première femme pasteur qui a été consacrée par l’Église réformée. Dany Walter, équipière dans les Frats de la Miss Pop et des centres de vacances « Soleil et Santé ». Militante engagée auprès du planning familial et pour le droit à l’avortement. Danielle Vergniol, équipière Mission populaire, interprète des chants écrits par Daniel Vermeille pour les Frats de la Miss Pop. Emmanuelle Seybold, présidente de l’Église Protestante Unie de France. Valérie Rodriguez, notre secrétaire générale de la Mission Populaire. Sans oublier toutes les anonymes actives, engagées dans nos fraternités ou à la Mission Populaire qui les font vivre au quotidien.

Pour l’avenir 

Nous avons appris que seulement 2% des rues portent des noms de femmes célèbres en France et avons constaté qu’il y avait encore bien du chemin à faire pour que les femmes soient l’égal des hommes, qu’elles soient reconnues et aient droit de citer. Il faudra, pour cela, bien plus qu’une journée internationale par an. Alors, restons toutes et tous mobilisés et militons pour faire évoluer les droits des femmes, celles rencontrées dans nos fraternités, dans notre société et aussi partout dans le monde.

Véronique MEGNIN,
Frat’Aire Grand-Charmont-Pays de Montbéliard