Véronique Mégnin, directrice de la Frat’Aire du Pays de Montbéliard, réfléchit les paradoxes de ses vacances au regard de la Bible.
Vous avez certainement tous entendu cette expression « pourquoi faire simple, quand on peut compliquer ? ». C’est peut-être dans la nature humaine, de toujours chercher à se compliquer la vie, alors que parfois les choses seraient si simples à faire, sans se prendre trop la tête.
Ce fonctionnement paradoxal de tout être humain est peut-être une façon de nous rappeler que dans nos vies terrestres, tout est continuellement en tension, en questionnement, entre la crainte ou l’espoir du lendemain qui anime nos vies, de notre à naissance à notre mort.
Et puis, aussi, parce que c’est très français de râler pour obtenir quelque chose et de le critiquer sitôt mis en place.
En voici quelques exemples observés pendant mes vacances début juillet dans le Gard.
Pas assez de masque et quand il y en a on ne les porte pas.
En mars, tout le monde se plaignait parce qu’il n’y avait pas assez de masque pour au final ne pas les porter en juillet. Et de plus, râler parce qu’on va nous obliger à les porter dans les lieux publics clos, dès ce lundi.
Dans le camping où je séjournais, j’ai observé que les règles de distanciation étaient plutôt bien respectées : sens de circulation, marquage au sol, gel dans les sanitaires, à l’accueil et à la piscine, port du masque de tout le personnel du camp, distance entre les tables au bar- restaurent.
Et pourtant, au marché nocturne d’Anduze, la foule était aussi dense qu’en pleine saison, tous au coude à coude, plus aucune distanciation et très peu de personnes portant un masque. Nous avons même entendu des moqueries envers ceux qui en portaient : « regarde ces touristes, ils ont des masques, ils ne savent pas que c’est fini le/la Covid ? ».
Ben ! Désolée, non ce n’est hélas pas encore fini.
Autre exemple : La situation est grave pour les commerçants, les artisans, les professionnels du tourisme et tous conviennent qu’il faut les soutenir et les encourager. Les vacanciers du camping en premier, parce que les propriétaires du camping où j’étais, vivaient une situation particulièrement difficile. Ce jeune couple a racheter le camping en 2019. Ils ont bossé tout l’automne, l’hiver et le printemps pour le remettre en état. Il faut dire qu’il y avait fort à faire celui-ci ayant été peu entretenu ces dix dernières années. Pour leur première vraie saison, ils subissent une ouverture retardée de 2 mois à cause de la pandémie, puis juste après l’ouverture, le gardon, la rivière monte de 5 mètres et vient inonder toutes les structures d’animation. Tous les vacanciers présents, la plupart des habitués qui viennent hors saison, complimentent et encouragent les propriétaires pour leur beau travail.
Puis les vacances scolaires arrivent, le camping bénéficie maintenant d’un agrément VACAF et donc de nouveaux vacanciers arrivent. Les locations se remplissent bien, c’est une bonne chose, grâce à une majorité de familles venant des quartiers populaires de Marseille et de Nîmes. Parmi elles, beaucoup avaient prévu de partir « au bled » voir leurs familles et avec la fermeture des frontières, elles se sont rabattues sur des séjours en France.
Et voilà, les vieux habitués qui commencent à critiquer la nouvelle direction : Trop de gosses, trop de bruit, trop de femmes voilées qui plus est… même sur les transats de la piscine.
Pour moi, qui depuis toujours organise des vacances familiales pour les habitants des quartiers d’habitat social, je suis plutôt heureuse de voir des familles découvrir et profiter de ce temps vacances familiales en camping, même si parfois pour certains j’en conviens, tous les codes de la vie collective en camping ne sont pas encore acquisses. C’est simple, il suffit, comme le font très bien les nouveau proprios, d’expliquer calmement que le caleçon autant que les vêtements sont interdit dans la piscine, mais pas dans le gardon qui coule à côté pour ceux qui voudrait s’y baigner, l’eau y est propre et la plage fort jolie. Autant, qu’il est nécessaire de dire aux vieux habitués râleurs que : Oui, un burquini fabriqué dans la même matière qu’un maillot de bain classique est autorisé dans la piscine et que par contre nous vous rappelons qu’ il est interdit de s’octroyer un transat à la journée en y laissant votre serviette lorsque vous n’êtes pas à la piscine comme vous le faites, et que oui le surveillant de baignade est autorisé à vous virer de la piscine, si vous persister à plonger ou à sauter, comme il est interdit de manger autour du bassin…
Contradiction ou paradoxe ? Et dans la bible ?
Pourquoi fonctionnons-nous ainsi ? Pourquoi râler, critiquer, affirmer le contraire de ce que nous venions de défendre ? Juste par esprit de contradiction ou parce que c’est inscrit dans notre nature, c’est le paradoxe de notre existence, être perpétuellement en tension entre l’autorisé et l’interdit, entre le bien et le mal, entre la vie et la mort.
Dans la bible, Paul affirme le fondement de la foi chrétienne dans Ephésiens 2.8 « Car c’est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés, au moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu. »
Le même Paul dans Ph 2.12 dit : « Par conséquent, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement. »
Alors, sommes-nous sauvés par la grâce, don de Dieu qui nous est donnée par notre foi ou devons-nous travailler à notre salut par nos actes ?
J’en entends certains me dire : « arrête de te prendre la tête avec les paradoxes : de toute façon c’est ça être un « humain », c’est vivre avec le plus grand paradoxe, celui de savoir qu’en donnant la vie, celui à qui on la donne devra mourir un jour, alors vit ta vie pendant qu’il est temps, en attendant que la mort ne te rattrape. »
Moi j’aime à penser que c’est ce paradoxe de la crainte ou l’espoir du lendemain qui anime nos vies, de notre à naissance à notre mort. C’est peut-être pour cela que chacun à notre façon nous agissons « en actes » pour améliorer nos vies et celles de nos frères et pour cela aussi, que nous avons confiance « par la grâce » qui nous est donnée par Dieu, juste par notre foi en lui.
Véronique Mégnin, équipière Mission Populaire, directrice de la Frat’Aire du Pays de Montbéliard.
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