A quoi jugeons-nous la valeur d’une personne, se demande Laetitia Bastien, équipière de la Maison Verte à Paris 18e ?
Cette semaine, avec les jeunes adultes de l’église de Fresnes, nous avons eu une réflexion sur ce qui faisait la valeur d’une personne. Nous avons donc lu l’histoire de David, choisi par Saul. Alors que son propre père ne semblait pas avoir grande considération pour son jeune fils qui était alors berger, Saul le choisit lui pour l’avoir à son service (1 Samuel 16).
Une grande réflexion a été tirée de ce passage : Dieu regarde au cœur. Qu’importe le métier que nous exerçons ou les qualités que nous faisons ou non transparaître devant les autres, Dieu lui connaît les motivations qui se trouvent au fond de notre cœur : l’amour de Dieu, l’amour de son prochain, l’humilité ou encore la douceur. Dieu n’attribue pas la valeur d’un homme à son statut social ou a son métier. Dieu donne de la valeur et donne la place que chacun mérite en fonction de ce qu’il a dans le cœur.
Le respect de la société
Dans notre société, nous constatons que bien souvent, malheureusement, nous sommes appréciés et respectés en fonction de notre métier, de notre statut marital ou si niveau d’études que l’on a. Plus l’on occupe un poste à responsabilité, plus l’on impose le respect. Plus l’on a fait un certain nombre d’études, plus l’on est considéré. De même, le statut marital, à partir d’un certain âge (aujourd’hui situé autour de 30 ans), semble donner de la crédibilité aux personnes (surtout chez les femmes !).
Notre société contemporaine a des »critères de respectabilité » implicites basés sur l’idée que l’on a de la réussite, qu’elle soit sociale, professionnelle ou personnelle. La valeur de quelqu’un est alors mesurée en fonction de cette réussite, de ces critères jamais complètement assumés.
Pourtant, Dieu nous prouve qu’il choisit qui il veut. Il ne choisit ni le plus beau, ni le plus grand, ni le plus charismatique mais il choisit celui dont le coeur est bon. Isaï (ou Jessé), le propre père de David, n’avait pas de grandes ambitions pour son fils. Lorsque Isaï devait présenter ses fils afin que Samuel annonce lequel Dieu avait choisi, il ne s’est même pas donné la peine de convier David, jugeant lui même qu’il n’avait pas la prestance ou la stature d’être le choix de Dieu. Pourtant à la fin du chapitre 16, c’est bien David qui apaise Saül en jouant de la harpe, permettant ainsi de le libérer du mauvais esprit qui l’habitait.
Changer de regard
En discutant donc avec Tahiana, Alice et Mathis, je réalise donc que moi aussi, sans le vouloir, je devais certainement accorder plus de crédit à quelqu’un qui a un statut professionnel élevé ou qui a fait un grand nombre d’études. Pourtant, ces éléments ne sont pas gage de valeur, de droiture ni même d’intelligence ! Finalement, nous connaissons tous une ou plusieurs personnes ayant arrêté tôt les études ou faisans un métier qui est peu considéré et qui fait preuve d’une intelligence remarquable, d’une immense culture ou de valeurs humaines incroyables.
Dans nos fraternités, certains accueillis ne prêtent que peu d’attention aux bénévoles. Ils préfèrent parler à un salarié : la coordinatrice, le travailleur social ou le directeur. Pourtant, à mon sens, les salariés ont bien moins de mérite que les bénévoles ! Tandis que nous sommes rémunérés pour nous occuper de la frat, les bénévoles eux, donnent leur temps libre, leur énergie, leur patience, leurs savoirs gratuitement. Leur seule rétribution est un sourire, un merci ou un peu de reconnaissance. Malgré certains accueillis fatigués, à bout de nerfs, parfois aggressifs, ils ne se découragent pas et reviennent les aider jour après après jour. Ils oublient la fatigue physique et morale d’être confrontés à des situations pénibles pour tenir nos fraternités à bout de bras.
Sans eux, nos structures n’existeraient pas. Ce sont nos bénévoles souriants, bienveillants, généreux, patients, qui représentent le mieux ce qu’est une personne de valeur. Nous ne savons pas grand chose de leur statut social pour certains : ont-ils occupé un poste à haute responsabilité ? Ont-ils un train de vie aisé ? Mais nous n’avons pas besoin d’avoir ces informations pour assurer avec certitude que leur valeur est inestimable.
J’espère aussi, avec le temps, ne plus avoir d’a priori en fonction de la catégorie sociale et professionnelle de mon interlocuteur. J’espère arriver à voir les qualités humaines de la personne et apporter à chacun le respect que n’importe quel être humain mérite. En réalité, aucun être humain ne peut déterminer la valeur d’un homme, seul Dieu peut le faire car seul lui voit le coeur de chacun.
Laetitia Bastien est équipière-directrice de la Maison Verte à Paris 18e.
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