Au bout de 50 jours, la liberté ? Mais qu’est-ce que la liberté ? interroge Christophe Verrey, pasteur du Foyer de Grenelle.
Enfin
libres !
Voilà
ce que tu te prépares à crier dans une semaine…
Bon
c’est vrai, les pouvoirs publics vont donner un peu du mou à la
longe, mais il ne faut pas croire que c’est la fin… Il ne s’agit
que d’exposer le moins de monde en même temps à la contamination…
Juste un peu plus que d’habitude. En essayant de faire tourner un peu
plus la machine économique. Exercice périlleux pour le pouvoir
!
Comme
la chèvre de Monsieur Seguin, tu rêves d’aller brouter l’herbe
là-haut sur la montagne ! Tu espères que ton maître viendra enfin
enlever la corde qui te relie au piquet central ? Attention de ne pas
la casser toi-même afin de partir librement… vers le loup qui te
mangera !
Il
t’appartient maintenant de recommencer à vivre, avec ce virus plus
ou moins dompté. En attendant les tests, les vaccins, les
traitements appropriés, comme pour les autres virus, connus
actuellement.
Qu’est-ce que la liberté ?
La liberté, c’est tout autre chose !
50 jours séparent Pessah de Shavouot, Pâques de Pentecôte.
Shavouot est la fête juive des premières récoltes. 50 jours après le confinement, allons-nous bientôt récolter les premiers fruits de notre abstinence ? L’épidémie va-t-elle marquer le pas ?
Mais c’est aussi la fête de la réception de la Torah, la loi par Moïse sur le Sinaï. Après 50 jours de réflexion, allons-nous devoir accepter cette loi inflexible de la contamination, cette « loi d’airain » de la courbe de Gauss, courbe statistique de la répartition du virus dans la population, comme règle de vie ou de mort ?
Mais la Loi, est aussi ce qui libère définitivement le peuple : pas de liberté sans loi pour la garantir ! « La liberté des uns n’a de limite que celle des autres », nous disent les droits de l’homme. La distanciation sociale nous le fait toucher du doigt : mon droit de vivre ne doit pas mettre en péril celui de l’autre.
Pour les chrétiens, qui ont repris cette symbolique, Pentecôte est le don de l’esprit fait aux apôtres, qui va les ouvrir à l’universel. Pentecôte les appelle à dépasser leurs propres enfermements, en s’ouvrant à l’esprit divin, en se libérant par le haut ! 50 jours d’enfermement nous aideront-ils à envisager une sortie hors de nous-mêmes, de nos enfermements ? Pour aller vers le monde, vers les autres et vers Dieu ?
La liberté, c’est dans la tête !
La liberté, c’est dans la tête ! Nul ne peut m’empêcher de penser librement ! Sauf moi-même… Certes, la psychothérapie permet d’ouvrir quelques verrous, quelques serrures posées dans ma personnalité. Mais il reste encore bien d’autres verrous, ceux de la culture, de la pensée dominante, etc… Ma vraie liberté est de pouvoir choisir mes chaînes ! Et il est vrai que mes choix de vie sont largement liés à ce que j’ai reçu. Il me reste encore de la liberté en toutes chose, si je fais l’effort d’évaluer chacune en fonction de mes critères. Encore faut-il que ces critères soient libérateurs et non pervers. L’évangile de Jean fait dire à Jésus : « la vérité vous rendra libre » (Jean 8 v 32) Ne faut-il pas alors partir à la recherche de sa propre vérité ? Si tu ne l’as pas encore trouvée après 50 jours de réflexion intense, ne t’inquiète pas : l’important, c’est de la chercher. Et tu as encore toute ta vie devant toi pour la trouver. Puisse le Dieu d’amour en qui je crois t’accorder encore le temps et la liberté d’y réfléchir sereinement.
Christophe Verrey, équipier-pasteur du Foyer de Grennelle, Paris 15e, 50ème jour.
Le dessin est extrait de la page Facebook de Pierre Hédrich, Un dessin par jour pendant le confinement.
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