Notre vision de l’été a changé. D’une saison attendue, elle est maintenant devenu un trimestre que l’on redoute à cause du réchauffement climatique.
Il a fait beau cet été, très beau même ! Au moins si l’on considère la durée d’ensoleillement qui a carrément explosée. Selon Météo France le mois de juillet a été le plus chaud des 70 dernières années et la période mai-août 2022 la plus chaude jamais enregistrée en France.
Ah ! Les beaux jours ! Vive le bronzage ! Il faisait bon être à la plage si on parvenait à se mettre à l’eau car de l’eau on en manquait souvent. Combien de rivières à sec ou quasiment. La Loire se trainait lamentablement et les poissons étouffaient dans une eau trop chaude. Le Doubs était réduit à l’état de ruisseau pitoyable et son célèbre saut à un petit dégoulinement ridicule. Plus de la moitié des départements ont connu un arrêté préfectoral limitant la consommation d’eau. Nombre de communes ont dû être ravitaillées en eau par camion-citerne. Après un automne sec, un hiver peu arrosé de neige ou de pluie et la sécheresse qui s’est installée sur la France depuis le printemps, les nappes phréatiques n’ont pu se reconstituer. Au point que l’on parle aujourd’hui de restrictions pour les entreprises mais éventuellement aussi pour les particuliers.
Oh ! Les beaux jours ! C’est le titre d’une célèbre pièce de théâtre de Samuel Beckett longtemps jouée à Paris. Il y mêle tragique et comique et présente une situation absurde dans laquelle personne n’écoute personne et personne ne répond à celle qui tente de nouer un dialogue avec d’autres dans l’indifférence générale.
Le changement climatique, une réalité qui nous saute à la figure
La situation actuelle me fait penser à cette pièce. Depuis des décennies des voix se sont fait entendre pour dire qu’on ne pouvait pas poursuivre indéfiniment la consommation des matières premières, l’eau notamment, au rythme que nous connaissons depuis plus d’un siècle. Que les gaz à effet de serre généraient une augmentation de la température qui déstabilisait le climat. Qu’il fallait changer de modèle si l’on voulait sauver la vie sur terre.
On écoutait d’une oreille distraite mais on n’était pas prêts à changer quoi que ce soit de notre façon de vivre et de consommer. De notre confort. Certains affirmaient même que tout cela n’était pas prouvé, et que l’on trouverait bien des solutions !
Et pataras ! L’été 2022 est arrivé avec ses canicules, les forêts qui brûlent, les trombes d’eau qui s’abattent sur certains lieux, … Aujourd’hui les glaciers des Alpes, de l’Himalaya et des pôles fondent, la mer monte. La sécheresse sévit ici tandis que des inondations submergent le Pakistan. Les forêts brûlent et toute la végétation souffre. On commence à comprendre que le changement du climat est une réalité et qu’il aura des conséquences même si on n’en mesure pas encore bien l’ampleur.
Vers plus de sobriété ?
L’agriculture, la sécheresse a grillé les prairies provoquant une pénurie de fourrage. Des paysans ont dû nourrir leurs bêtes avec du foin engrangé pour l’hiver prochain. Certains ont décidé de réduire leur troupeau de vaches pour économiser le fourrage. Or moins de vaches c’est aussi moins de lait, donc moins de rentrées financières ! Mais les emprunts à rembourser et leurs échéances sont toujours là ! On pourrait multiplier les exemples !
Les beaux jours de 2022 ont peut-être permis d’entendre enfin ce que ces voix clament depuis un demi-siècle sans que des réponses appropriées ne soient apportées ! Cet été caniculaire a éventuellement permis la prise de conscience que nous devons absolument changer de modèle de développement . Saurons-nous ensemble en tirer enfin les conséquences et favoriser la sobriété dont notre planète a besoin ?
Sylvain Cuzent est président de la Mission populaire évangélique de France et secrétaire de la Frat’Aire du Pays de Montbeliard.
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