L’Évangile, c’est la bonne nouvelle. Notre impuissance devant tant de situations dramatiques pourrait-elle être source de bonne nouvelle ?!
A la Fraternité de la Belle de Mai, à Marseille, il arrive parfois (heureusement pas souvent !) qu’une personne pousse la porte de la Fraternité et lance un cri. C’est surprenant ! Ce cri traduit un besoin d’être entendu – ça c’est sûr – mais également d’être reconnu. Confrontés aux portes closes et à celles qui se ferment lorsqu’ils se présentent, bien des personnes finissent par craquer.
Les besoins qu’elles expriment, nous ne pouvons pas toujours y répondre. Nous voulons notre accueil inconditionnel, mais il est en réalité conditionné par le temps, l’énergie et les moyens que nous arrivions à trouver. Nous sommes alors confrontés à nos propres limites.
Pour y remédier, nous lançons des appels et cherchons à trouver plus de bras, plus de moyens… Mais nous avons souvent le sentiment de ne pas être entendus.
Peut-être devons-nous d’abord reconnaître nos propres limites ; au risque sinon de l’épuisement et surtout du rejet de l’autre. C’est en effet le syndrome de ceux qui épuisés par des années de travail dans le social se ferment et se protègent. Confrontés à leur impuissance, ils se forment une carapace et s’y réfugient.
Il se peut alors qu’en confessant notre propre précarité, nous fassions œuvre de bénédiction ! L’étymologie de précarité renvoie au mot prière. Reconnaître notre précarité peut être une manière d’assumer nos limites, tout en restant ouvert l’autre. C’est un peu ce que font les compagnons de Job qui restent d’abord en silence auprès de lui (Job 2,13). Mais en n’assumant pas jusqu’au bout leur impuissance devant le mal, ils se transforment, à leur tour, en accusateur… Combien de personnes n’ont-elles pas fait cette expérience ?!
Lorsque je ne peux pas répondre au cri qui m’est adressé, mais que je prends le temps d’une parole autour d’un café, il arrive parfois que cette réponse aille bien au-delà de qui a d’abord été demandé et que cela soit une occasion de bonne nouvelle !
Pierre-Olivier Dolino, Pasteur de la Mission Populaire Évangélique à la Fraternité de la Belle de Mai (Marseille).