« Enfermé chez toi »

Christophe Verrey, pasteur du Foyer de Grenelle, rejoint nos sentiments dans le confinement et nous conseille.

Merci

D’abord, je pense à toi, soignant, commerçant ou autres, qui travaille pour nous, parfois en sacrifiant tout ton temps. Je pense à toi tout le temps, et pas seulement à 20h le soir, en vous applaudissant. Je te parlerais plus tard, quand tu seras plus au calme, ou au moins revenu chez toi, à l’abri de ton confinement…

Je pense surtout à toi, enfermé chez toi…

Et d’abord, penses-tu d’abord être enfermé ? Ou préfères-tu être chez toi ? Te rends-tu compte que ce sont juste les deux aspects de la même question, d’un côté le verre à moitié vide, de l’autre à moitié plein… Il y a les optimistes, et les pessimistes ! Winston Churchill disait : « un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté ».

Cherche donc d’abord à faire de ce temps une opportunité, à bien vivre !

Enfermé (e)

Sinon, tu as le droit de mal le prendre, de te sentir agressé. Tu as alors le choix entre devenir agressif, fuir, ou te terrer, sidéré…

Fuir, tu ne peux pas : on ne fuit pas une épidémie, au pire tu la déplaces d’un lieu à l’autre. Ou alors, il faut fuir dans ta tête… J’en reparlerais !

L’agressivité ne fait que rajouter du mal au mal : malheur à celui qui rejettera sur un autre ce mal qui nous touche tous ! Ne vois-tu pas que reprocher à un soignant de vivre trop près de toi, c’est refuser d’être soigné ? Ne vois-tu pas que l’ennemi, c’est le microbe, et non le voisin ou l’étranger ? Trouve donc un moyen de défouler cette agressivité sur un objet quelconque : froisse du papier journal, crie dans ton oreiller, … Mais ne fais pas de victimes autour de toi !

Ta femme, ton mari, tes enfants ou tes parents n’y sont pour rien ! Appelle au téléphone un psy, un pasteur, un ami qui aura la patience de t’écouter.

Et si tu es croyant, dis toute ta colère à Dieu, comme Job dans la Bible : Dieu en a vu d’autres, il sait bien que la maladie est dure à supporter. C’est lui qui nous a fait faible et fragile ! Tu peux même lui demander pourquoi, comme le psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Pourquoi restes-tu si loin, sans me secourir, sans écouter ma plainte ? » Ecoute bien, et il te répondra ! Il entendra ta plainte, il te consolera. Car aucune épreuve n’est sans fin.

Te terrer chez toi ? Chance ! Pour une fois, ton chez toi est un bon abri !

Chez toi

Seul(e), tu t’ennuies ?

D’abord, je pense que tu sais quoi ranger ou nettoyer dans ta maison, pour t’y sentir bien.

Ensuite, lorsque tu as fait tout cela, pense un peu aux prisonniers, en prison ou dans des camps en 39-45 ; aux poilus de 14 dans les tranchées ; à tant d’autres qui n’attendent que la mort. Tous ils ont trouvé un moyen de tromper l’attente ! Et demande-toi si tu as déjà bien brûlé toutes tes cartouches : n’as-tu pas la jouissance de tous les moyens de communication modernes ? Appelle un ami oublié depuis longtemps, ou réconcilie-toi au téléphone. Sinon, il reste encore sudoku, mots croisés, patiences au cartes, … Dessiner, lire ou écrire de la poésie ? Déposer ses idées sur du papier, c’est bon ! Même si ce ne sont que des taches de couleur !

Et si tu es croyant, écoute ces paroles de Jésus : « Mais toi, lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là, dans cet endroit secret. » (Matthieu 6:6) La chambre n’est-elle pas le meilleur lieu pour rencontrer Dieu ? En tout cas dans l’intimité d’une rencontre à deux…

Briser l’enfermement

Sais-tu ce qui arriva aux apôtres après la mort de Jésus ? Alors qu’ils s’étaient enfermés dans leur maison par peur des autorités : « le soir de ce même dimanche, les disciples étaient réunis dans une maison. Jésus vint et, debout au milieu d’eux, il leur dit : ‘’shalom‘’!  » (Jean 20:19) Bon, ici il s’agit du Christ ressuscité, ils l’ont vu mourir et le retrouvent vivant ! Il peut bien agir comme un fantôme. Mais le message n’est pas là : il nous dit que Jésus se moque bien de nos enfermements, de nos verrous.

Le shalom dont il les salue n’est pas seulement un ‘’hello, c’est moi !’’mais : 

« je vous donne la paix ». Le shalom, c’est donc d’abord la paix : paix entre deux personnes, paix entre Dieu et l’homme, paix intérieure, mais aussi le calme, la sérénité, la sécurité, la santé, la prospérité… (Sa racine ש.ל.ם, signifie entièreté, complétion, achèvement, bien-être) donc beaucoup plus que ‘bonjour’.

C’est la promesse de la sérénité après la tempête. Il amène la paix, même lorsque nous sommes enfermés à double tour, la vie en attendant la mort !

Pourtant, ce n’est pas à la mort que Jésus appelle ses disciples : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Mais à vivre et à témoigner de cette vie d’abondance que Dieu nous promet, malgré la mort.

Face à l’épidémie, retrouve donc cette paix que Jésus apporta à ses disciples, qui est absence de crainte devant la mort. Non parce que tu seras épargné quoiqu’il arrive, mais parce qu’il y aura un temps pour sortir et pour dire : voilà ce que j’ai vécu !

Shalom, mon frère, ma sœur. Et courage !

Christophe Verrey, équipier-pasteur du Foyer de Grenelle

Le dessin est extrait de la page Facebook de Pierre Hédrich, Un dessin par jour pendant le confinement.

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