Véronique Mégnin, équipière à la Frat’Aire du Pays de Montbéliard propose un message de Noël ancré dans la réalité du monde.
Marthe : Il était une fois, un monde à la dérive où les inégalités et les injustices étaient le quotidien.
Myriam : Un monde où certains n’avaient pas ou peu de travail et où d’autres croulaient sous la charge.
Marthe : Dans ce monde il y avait la guerre ; l’occupation de terres par ceux qui voulaient imposer leurs lois et leurs règles.
Myriam : Il y avait des laissés pour compte parce qu’ils étaient « autrement », pas dans la bonne norme, pas nés là où il fallait. Il y avait aussi beaucoup de malades qui souffraient et pour qui personne ne savait plus que faire pour soulager les douleurs de leurs corps et leurs âmes.
Marthe : Dans ce monde il y avait aussi des familles qui essayaient tant bien que mal de rester digne et d’assurer un lendemain à leurs enfants.
Myriam : Mais dans ce monde, il y avait aussi beaucoup d’enfants vivants dans les rues.
Marthe : Il y avait des gens sans problème et d’autres sans ressource.
Myriam : Il y avait des puissants que ne pensaient qu’à leur réussite, peu importe des conséquences pour les plus faibles qu’eux.
Marthe : Il y avait aussi beaucoup des personnes fatiguées, aigries, blessées par la vie, désabusées, à qui ont avaient tant promis et qui avaient fini par ne plus croire en rien, ne plus espérer quelque salut que ce soit.
Myriam : Ce monde était le chaos. Un monde au passé parfois glorieux et parfois douloureux ayant laissé de profondes blessures.
Marthe : Un monde au présent devenu insupportable pour beaucoup et un monde d’avenir où chacun savait qu’il faudra lutter chaque jour pour pouvoir survivre.
Myriam : Dans ce monde, il y avait eu des temps où l’harmonie régnait et où il y avait encore l’espoir de jours meilleurs, mais depuis quelque temps tout devenait tellement difficile.
Marthe : Dans ce monde, il était devenu impossible d’obéir et de respecter des règles qui ne garantissaient plus le même traitement à tous. Un monde où il était devenu difficile d’accepter et de se taire.
Myriam : Dans ce monde des familles étaient obligées de se déplacer pour répondre à des obligations de l’état et à des accords passés entre décideurs qui ne se préoccupaient pas de la réalité de leur situation.
Marthe : C’est dans ce monde de chaos, qu’un certain Joseph et sa femme Marie enceinte furent obligés de traverser le pays pour aller se faire recenser, conformément à l’ordonnance du roi Hérode et du gouverneur Romain.
Myriam : Repartir là où tu es arrivé, ça ne s’appelait pas les accords de Dublin infligés aux réfugiés, mais ça y ressemblait un peu.
Marthe : Le moment de la naissance arrivait et aucune place pour Joseph et Marie ni dans les auberges, ni chez les habitants.
Myriam : Même en appelant le SAMU social, il n’y aurait pas eu de solution, les centres d’accueil sont hélas tous saturés et les listes d’attente sont longues pour trouver un lit juste pour la nuit.
Marthe : C’est donc sur la paille, dans une étable que Marie donna naissance à son premier né, son fils Jésus.
Myriam : Sur la paille ou sur des cartons, comme tant de miséreux qui vivent aujourd’hui à la rue. Aujourd’hui les femmes SDF accouchent en principe à la maternité, mais après quelques jours les mamans et leurs bébés retournent à la rue. D’après les maternités, 600 bébés nés de mères SDF en 2019 en France, ont rejoint la rue quelques jours seulement après leur naissance.
Marthe : Les bergers sont les premiers à venir voir ce nouveau né dans l’étable.
Myriam : Oui des bergers, à l’époque des pauvres parmi les pauvres, des marginaux, un peu au banc de la société, parce que garder les bêtes c’est un travail de tous les jours qui ne laisse pas le temps pour respecter les rituels de la religion comme le sabbat.
Marthe : Puis arrivèrent des mages venus d’orient, des savants qui observaient les étoiles et qui venaient rencontrer ce bébé particulier qui pour eux avait été annoncé par une étoile comme étant un futur grand roi.
Myriam : Des mages venus d’orient, des migrants en quelques sortes. Des étrangers avec des croyances et des rituels différents de ceux pratiqués au pays d’accueil.
Marthe : Oui ! Mais les mages ils apportaient à ce roi nouveau né, leurs cadeaux.
Myriam : C’est pas parce que tu es migrant que tu n’as rien à apporter. Chacun être humain a des trésors en son cœur à offrir à ceux qui osent la rencontre. On le sait bien ici à la Frat ou dans les associations où se vit la fraternité.
Marthe : Dans les histoires de Noël, on dit aussi qu’il y a un âne et un bœuf pour réchauffer l’enfant Jésus.
Myriam : C’est parce que le petit enfant Jésus incarne la vie et la vie ce n’est pas que les humains, c’est toute la création, voilà pourquoi un âne et un bœuf, mais aussi les moutons des bergers et leurs chiens sont tous représentés aussi.
Marthe : Dans le monde de chaos d’hier, celui avant Jésus, il n’y avait plus d’espérance et cette naissance c’est l’espérance de la vie qui nous est donnée.
Myriam : Dans le monde de chaos d’aujourd’hui, fêter Noël cela signifie ne pas oublier d’espérer, parce que c’est dans cette espérance de la vie éternelle que nous donne Jésus qu’est la vie éternelle. Et la vie éternelle ça commence maintenant.
Marthe : Oui c’est aujourd’hui que commence la vie éternelle, en faisant de nous des hommes et des femmes qui au quotidien essayent de faire ce que le Christ est venu leur dire :
« Aimez vous les uns les autres et aimes ton prochain comme toi-même ».