Le royaume de Juda a été plus stable que son voisin du Nord. Il n’a connu qu’une seule dynastie, le dernier roi, Sédécias, étant un descendant de David. Si comme dans le royaume d’Israël de nombreux souverains ont été idolâtres, le pays a aussi connu quelques rois fidèles comme Joas, Ézéchias, et Josias. Cela lui a permis de durer un peu plus longtemps que son voisin puisque Jérusalem a été détruite en 586 alors que Samarie est tombée en 722.
Parmi les prophètes de Juda, le plus connu est Ésaïe dont le livre présente une singularité : il fait référence à des événements qui s’étendent sur une longue période. La première partie du livre (chapitres 1 à 39) fait référence à la chute de Samarie et au siège de Jérusalem par les Assyriens qui ont eu lieu à la fin du VIIIe siècle. Les deux autres parties (chapitres 40 à 55, et 56 à 66) évoquent les périodes de la déportation à Babylone puis du retour de l’exil. Pourquoi ces trois parties ont-elles été rassemblées en un seul livre ?
La question soulevée est celle de la présence divine dans l’histoire. Où est Dieu dans le grand malheur ? Où est Dieu lorsque la promesse faite à Israël (je te donnerai une terre et une descendance) est bafouée, lorsque le peuple est opprimé, déporté ? La réponse est que Dieu n’abandonne pas son peuple, mais que son temps n’est pas celui des humains. Nous pouvons lire le retour des exilés de la deuxième partie du VIe siècle comme une réponse aux déportations des siècles précédents. Dieu est fidèle à sa promesse, mais en son temps. La restauration de son peuple passe par l’épreuve du désert qui est interprété comme un temps de reconstruction.
Dans les temps de malheur, la promesse de Dieu est un appel au courage et à la résistance. Un thème qui parcourt le livre est la théologie du reste. Quand le peuple est dévasté, Dieu reconstruit à partir du petit reste qui est resté fidèle. Cette théologie appelle les croyants à la fidélité et à la persévérance au nom d’un Dieu qui accompagne son peuple dans les méandres de son histoire.