Dans le dernier discours de Jésus à ses disciples, il leur a dit qu’il était préférable pour eux qu’il s’en aille1. Cette parole a dû être inaudible pour les apôtres. En quoi sa mort peut-elle être un avantage ? Jésus répond qu’elle est la condition du don de l’Esprit qui conduira les disciples dans toute la vérité. Dans la suite du Nouveau Testament, quand les disciples ont reçu l’Esprit, ils se sont levés pour devenir des témoins de l’Évangile. Revenons au récit des Actes des Apôtres2.
À Jérusalem, les apôtres sont bousculés par un fort vent. Ils se mettent à parler à la foule et les habitants de différents pays entendent leurs paroles chacun dans sa propre langue. Il y a eu miracle ce jour-là, mais où se situe-t-il ? Dans les schémas de communication, il y a l’émetteur d’un message et le récepteur. Soit le miracle a eu lieu du côté de l’émetteur et les apôtres ont parlé plusieurs langues à la fois, ce qui est difficile à imaginer ; soit le miracle a eu lieu dans l’écoute des auditeurs qui ont chacun entendu la prédication des apôtres dans leur langue maternelle.
Pour prolonger cette seconde piste, nous pouvons nous demander ce qu’est une langue maternelle. Étymologiquement, pour un humain, c’est la langue que parlait sa maman, la langue qui l’a fait venir à la parole, la langue de sa vérité intime. La langue maternelle n’est pas qu’une langue conceptuelle qui articule un vocabulaire et une grammaire pour donner un sens, c’est d’abord la langue qui l’a bercé lorsqu’il était enfant, la langue par laquelle il a appris à nommer son environnement et à penser.
Le vrai miracle de la Pentecôte n’est pas tant que des langues se soient croisées, mais que, sur une simple prédication disant que le Messie qu’Israël attendait était Jésus de Nazareth, trois mille personnes se soient converties3. Trois mille personnes ont entendu, derrière le discours de Pierre, une parole qui s’adressait à leur intimité, une parole qui a parlé leur langue maternelle.
1 Jn 16.7.
2 Ac 2.1-11.
3 Ac 2.41.