Après l’échec de la tour de Babel, Dieu décide passer par un homme, Abraham, pour faire une alliance et se révéler au monde. De la foi d’Abraham, nous pouvons dire trois choses.
Lorsque Dieu a appelé Abraham, il vivait à Harrân, une ville vouée au culte des astres. Dieu lui demande de quitter ce lieu, car son avenir n’est pas dans les étoiles, mais dans une marche dans un désert : « Va-t’en de ton pays, du lieu de tes origines et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai[1]. » Dieu n’indique pas à Abraham le lieu où il doit aller, c’est en marchant qu’il le découvrira. Le Dieu d’Abraham se révèle dans une marche, c’est tout au long de son parcours qu’il comprendra que le Dieu de l’alliance est celui qui chemine à ses côtés.
Après avoir fait alliance avec Abraham, Dieu le considère comme un partenaire, c’est pourquoi il lui fait part de son projet de détruire Sodome, car la ville était devenue trop injuste. S’il avait été dans une spiritualité de la soumission, Abraham aurait accepté la destruction de la ville. Mais Abraham est dans une spiritualité de la parole, et il confronte Dieu à sa propre justice : « S’il y a des justes à Sodome, et que tu détruis les justes avec les injustes, tu n’es plus le Dieu de la justice[2]. » Abraham écoute la parole de Dieu, mais il dit ce qu’il a sur le cœur. Sa spiritualité repose sur l’écoute et la parole.
Dieu a promis à Abraham une descendance, mais ce n’est que dans son grand âge qu’il a eu un fils. Le temps de Dieu n’est pas celui de nos impatiences. Lorsque l’enfant a grandi, Abraham a entendu que Dieu lui demandait de sacrifier son fils unique. Au dernier moment, Dieu a retenu le bras de son serviteur et lui a ordonné de sacrifier un animal. C’est comme s’il lui disait : « je ne veux pas le sacrifice du fils, laisse-le aller, laisse-le vivre afin qu’il construise son histoire. Lui aussi doit quitter la maison de son père pour défricher sa propre route. »
Le Dieu d’Abraham appelle l’humain à devenir un sujet appelé à la parole et à la liberté.
[1] Gn 12.1.
[2] voir Gn 18.25.