Série : Arts en Christ ?

Au sortir du confinement, Un Tour des arts commence la série de portraits Arts en Christ, exclusivement sur les artistes chrétiens. Comme ce titre le suggère, cette série documentaire s’attache à saisir les liens qui unissent ces deux mondes, mais aussi les limites de cette relation.

Peut-on penser que l’Art est inutile comme le disent Oscar Wilde ou Charles Baudelaire quand on observe l’impact et l’influence des oeuvres dans notre société ? Nous nous plaisons à dire que nous sommes gouvernés par une société d’image et de représentation : Buzz, instagram, youtube, clips… Les artistes, si l’on peut les appeler ainsi, y répandent leur message comme la nouvelle direction à prendre, dans le jargon chrétien on dirait qu’ils « fraient un chemin » : mais vers où ? vers quelles nouvelles perditions ? Ne dit-on pas de ce nouveau rappeur qu’il est dans le TUR-FU ? D’ailleurs, on ne parle maintenant plus d’artistes mais d’influenceurs… On ne sait pas ce qu’ils font concrètement, en revanche ils influencent.
Nous sommes dans des temps où l’artiste devient un produit de consommation sur les plages de Deezer ou Spotify, où la vision de ces personnes érigées comme des statues pour un peu de temps est de récupérer une portion de gloire et de richesse, de briller, de faire pleuvoir « des paillettes dans leur vie ». Savent-ils ce qu’ils donnent ceux qui répondent à la deuxième proposition du diable dans le désert : « Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores » ?

Où se placent les vrais artistes ? Qu’est-ce qu’un vrai artiste d’abord ? Celui qui a bâti son art dans le secret et dans l’effort, sur des fondations solides ? Celui qui ne pensait pas briller un jour, mais se focalisait sur sa recherche ? Celui qui vend tout ce qu’il a pour acheter cette perle précieuse trouvée au marché ? Celui qui est toujours resté lui-même, qui a enjambé les épreuves en préservant son authenticité ? Celui qui ne retourne pas sa veste pour jouer la vedette dans un opéra de quat’sous ? Celui qui reste ferme sur ses valeurs et ses convictions et qui ne prostituera pas pour plaire…
Art et foi ont des caractéristiques intrinsèques en communs, dans les deux cas, nous n’abandonnerons ce que nous avons bâti ni n’échangerons pas nos convictions contre un plat de lentilles. Tout comme l’art, la foi est un parcours personnel, individuel, qui se partage, qui se communique mais comme pour représenter en public, il y a des temps de répétition, des temps d’entraînement, des temps d’acharnement, des temps de confidences, des temps de sincérité, des temps de consécration, des temps de rêve et d’espérance, des temps de maturation et d’engendrement. « Il y a un temps pour tout » nous dit la Bible. Un temps pour briller et un temps pour s’effacer.

C’est ce genre d’artistes qu’il paraît bon de questionner, pour comprendre ce qui les meut, ce qui les anime. Qu’est-ce que l’art apporte dans leur communion avec Dieu ? Comment mettent-ils à profit ces talents qu’ils disent leur avoir été confiés ? Que vivent ces croyants qui croient être appelés par Dieu à faire fructifier ces dons ? Leur vision de l’art a-t-elle été modifiée depuis leur conversion ? Quel regard porte leur communauté chrétienne sur leur art ?

J’espère, chers lecteurs, chères lectrices, que vous trouverez autant de plaisir que moi à vous plonger dans ces portraits, et y reconnaître comme entre les plis d’un cours d’eau quelques reflets de vous-mêmes lors de ces interviews.