Empreinte

A l’occasion de leur 20e anniversaire, le Pockemon Crew plusieurs fois champions du monde de break dance aura laissé sa trace hip-hop sur le parquet du théâtre Bobino, du 19 au 22 février 2020 avec son spectacle « Empreinte ».

De la rue, mais sensible

Riyad Fghani a donné carte blanche à Rachid Hamchaoui et Mabrouk Gouicem qui ont réunis six danseurs issus de plusieurs générations du mouvement hip-hop. L’habitude du bitume n’empêche pas ces virtuoses de la couronne, la coupole et du thomas flare d’apporter sur scène leur sensibilité d’artiste et de faire ressurgir entre deux passe-passes (footworks) leurs souvenirs de cour d’école. Chaque danseur vient avec son style et son vécu, et apporte au crew une saveur qui n’appartient qu’à lui. Comme ce jeune homme qui converse avec une malle sur une musique flamenco, lui tourne autour, lui fait mille cabrioles pour qu’elle daigne timidement s’ouvrir dévoilant à la lumière d’un néon rouge de vieux posters : sûrement la nostalgie des spectacles passées.

Le malaise scolaire

Les joies de l’enfance sont retrouvées avec l’excitation de ses camarades qui spin (tourne sur une partie du corps) et scratch (relance la rotation à l’aide de ses mains) sur les bancs de l’école. Quand les lumières viennent ensuite à s’affaiblir et qu’il est temps d’étudier, on ressent l’oppression des élèves sous l’œil sévère d’un maître d’école. La compagnie s’essaye au théâtre quand ce personnage comique avec sa perruque, sa moustache et sa blouse bleu partage, en corrigeant ses copies, donne son opinion politique. Il critique ses élèves : Karim, « bons à rien », Riyad « touche le fond mais creuse encore », et Kevin, préfère le rap et le hip-hop aux cours de géographie.

Par ce soliloque, la compagnie critique cette France aux belles valeurs illusoires : « l’égalité des chances » n’existe pas dans ces écoles à deux vitesses où malheureusement tous ne sont pas nés sous la même étoile. Des années plus tard, l’amertume semble encore demeurer contre l’état. Cette opinion dure, non sans raison, agrémentée de boutades pour ne pas plomber l’ambiance de la soirée, est quelque peu manichéenne, donnant une vision toute noire du système scolaire.

Dans cette heure de spectacle, on aura le temps d’admirer tout l’apanage du break-dance et du popping. Seul, en duo ou en chorégraphie de groupe, le Pockemon Crew prouve que, quoi que puisse en dire leurs maîtres, ses danseurs ont le rythme dans la peau et que coule le talent dans leurs veines.