Une croix huguenote formée de femmes et d’hommes au cœur des arènes de Nîmes : C’est sur cette très belle image soulignant les racines de la ville tout à la fois romaines et protestantes que s’ouvre le site de l’Eglise Protestante Unie de Nîmes (1). De fait, la ville que l’on surnomme la « Rome française », s’est, dès 1532, rapprochée de la Réforme pour ne plus jamais s’en éloigner. Même, lors des heures les plus sombres, la garrigue nîmoise cévenole accueille, après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, les premières assemblées clandestines plus connues sous le nom de l’Église du Désert. A noter que ce fief protestant présente la particularité d’être, dans un même temps, un Consistoire (depuis 1561) et une seule et unique paroisse, soit une exception dans la France protestante.
Cette organisation (un peu complexe pour les néophytes), fruit d’une longue histoire, s’appuie aujourd’hui sur une seule association cultuelle et quatre conseils de paroisse, dont deux pour le centre-ville doté des trois temples historiques de la ville, l’Oratoire, le Grand Temple et le Petit Temple. Et deux autres conseils pour la zone géographique dénommée La Couronne (à l’Est et au Sud-Ouest de Nîmes). L’un pour La Fraternité, l’autre pour le Mas des Abeilles-Saint-Césaire, cet ensemble comptant trois temples (2). « L’union des églises luthéro-réformées en 2013 a accéléré le processus d’unification des paroisses de Nîmes. C’est ainsi que nous avons crée en 2013 l’Église Protestante Unie de Nîmes (EPUDN) », explique Titia Es-Sbanti, pasteur et responsable du site Internet. « Notre bel ensemble est subtil, reconnaît Bernard Cavalier, président du conseil presbytéral jusqu’à fin mars 2020. Si Nîmes représente une seule association cultuelle, chaque conseil de paroisse dispose cependant d’une grande autonomie pour faire vivre sa communauté. Cela forme un tout et la cohésion est forte. »
Complémentarité et autonomie : duo gagnant
Une cohésion forte, on imagine qu’il en est ainsi car l’Église Protestante Unie de Nîmes recense quelque 1 800 à 2000 familles. D’où la présence de huit pasteurs. Quatre en paroisses, trois pasteurs aumôniers pour les hôpitaux et maisons de santé protestantes et un huitième pour la Maison du Protestantisme (2). Si chaque conseil de paroisse garde la main sur l’animation catéchétique, en revanche, certaines activités sont mutualisées, notamment en ce qui concerne les nombreux cultes. A Nîmes, il y en a pour tous les emplois du temps. Outre les cultes en semaine des hôpitaux et maisons de retraite, chaque week-end, un à quatre cultes sont organisés, dont un le samedi en fin de journée. « Nous organisons, chaque mois le samedi, un culte des familles à la Maison du Protestantisme à 17h précédé par le catéchisme pour petits et grands. Et un culte intergénérationnel mensuel au Mas des Abeilles précédé d’un temps catéchétique pour la jeunesse et les adultes. La soirée se terminant par un joyeux repas », précise Titia Es-Sbanti. Le site de la paroisse, tout à fait remarquable, affiche ainsi le tableau mensuel de tous ces cultes, précisant horaires et lieux. Chaque année également, une douzaine de cultes communs sont organisés en un lieu unique. Entre autres, fête de la Réformation, culte de la cité en novembre, veillée de Noël, cultes des jeudi et vendredi saints, de l’Ascension, ou de la Pentecôte.
Des cultes plus traditionnels qui n’empêchent pas d’autres expressions de la foi de s’exprimer. Il en est ainsi à la Maison du Protestantisme, espace de culture protestante ouvert à la cité, située aux côtés de la célèbre maison romaine, dite Maison Carrée : « Le lieu fait plus de place à la culture avec spectacles, rencontres culturelles, témoignages et la Foire aux livres annuelle. De plus, chaque jeudi, hors vacances scolaires, rassemble pour un déjeuner entre 20 et 40 personnes seules », rappelle Titia Es-Sbanti. C’est dans cet esprit que le Petit Temple, qui jouxte la Maison du protestantisme, fait l’objet d’un beau projet. « Nous souhaitons en faire un lieu tout à la fois cultuel et culturel capable de répondre aux exigences actuelles d’accueil d’un large public. Conférences, concerts, pièces de théâtre, films pourront s’y dérouler. Une partie du lieu comportera un espace muséographique qui relatera l’histoire du protestantisme à Nîmes à travers les siècles », se réjouit Bernard Cavalier.
Du côté de la dimension diaconale, la solidarité reste forte à Nîmes, notamment à la Fraternité où l’on accueille les migrants. Complémentarité, cohésion et solidarité trouvent leur point d’orgue chaque année fin novembre lors de la Kermesse de l’EPUDN, événement connu de tous les Nîmois qui fêtera ses 90 ans en 2020. Une kermesse qui se clôt par le culte de la cité, en présence de toutes les autorités nîmoises. Pour finir, comment ne pas évoquer le cimetière protestant de la ville, datant de la fin du 18ème siècle (1782). Un magnifique lieu de cinq hectares aux arbres très anciens. Un lieu de sérénité où le glyphosate a été banni il y a maintenant un an au profit du désherbage manuel assuré par … une équipe de paroissiens !
(1) Eglise Protestante Unie de Nîmes : 3, rue Claude Brousson – 30000 Nîmes. 04 66 67 97 40.
www.nimes-eglise-protestante-unie.fr
(2) Lieux de culte et pasteurs à Nîmes :
Temple de l’Oratoire : rue Hôtel Dieu (Nîmes centre). Pasteurs : Zohra Mokri et Claire Des Mesnards
Grand Temple : Bd Amiral Courbet (Nîmes centre). Pasteurs : Zohra Mokri et Claire Des Mesnards
La Fraternité : 7 rue Antoine Delon (Nîmes-chemin Bas-route d’Avignon). Pasteur : Iris Reuter
Temple du Mas des Abeilles : 2135 chemin du Bachas (Nîmes sud-ville active). Pasteur : Titia Es-Sbanti
Temple de St Césaire : 248, rue du temple – (Nîmes ouest). Pasteur : Titia Es-Sbanti
Maison du Protestantisme : 3 rue Claude Brousson. Pasteur : Jean-Christophe Muller
Aumônerie des Maisons de retraite protestantes : Pasteur Thierry Azemard
Aumônerie des hôpitaux (CHU) : Pasteurs Christophe Amédro et Lionel Tambon.
Aumônerie des prisons : Pasteurs Aumôniers : Marie-Hélène Bonijoly et Franck Messler.