C’est au milieu du 19ème siècle que l’Église protestante s’est installée en Corse, sur cette terre ô combien catholique. Une paroisse disséminée, géographie oblige, mais bel et bien active et solidaire.
Les enjeux : gagner en visibilité grâce à des lieux de culte et d’accueil dédiés à part entière au protestantisme.
« La Corse est une montagne dans la mer » peut-on lire sur le site de l’Église protestante unie de Corse. Le fait est que, sur cette île méditerranéenne située non loin de la Sardaigne, « il faut avoir le don d’ubiquité et aimer jouer les nomades », s’amuse Marie-Odile Wilson-Sorba, pasteure de l’EPUdF Corse depuis six ans. C’est ainsi que l’île de beauté protestante s’organise en fonction de ses deux presbytères et lieux de culte séparés par … trois heures de route : l’un à Bastia au Nord dans le temple installé dans la maison paroissiale, l’autre à Ajaccio (au Sud-Ouest) dans la chapelle catholique Sainte-Lucie (1) prêtée pour les cultes par le diocèse catholique. « Il me faut donc alterner un dimanche sur deux, explique notre pasteure habituée des îles montagneuses pour avoir exercé bénévolement un ministère précédent à la Réunion (de 1998 à 2004). Je suis très heureusement épaulée par des équipes qui ont su, notamment, prendre en main la vie paroissiale durant les longues années de vacance pastorale. » Des équipes constituées de trois prédicateurs laïcs et deux lecteurs à Ajaccio, tandis que deux prédicateurs et trois lecteurs se partagent la tâche à Bastia. Équipes également indispensables pour organiser les cultes ponctuels à Porto Vecchio chez une paroissienne à Ghisonaccia Gare un samedi par mois. Voire à Pianotolli-Caldarello pour l’Ascension, à Cargèse de temps à autre. Ou à Sartène lors de cultes de maison, ainsi qu’à Ile Rousse environ tous les deux mois dans les locaux de l’école catholique. Avec, actuellement, un renfort venu du Québec en la présence du pasteur Daniel Forget et de son épouse.
Solidarité régionale pour une paroisse disséminée
L’Église protestante unie de Corse compte ainsi quelque 230 familles disséminées sur toute l’île, dont environ 80 familles dans la région de Bastia et autant du côté d’Ajaccio. Les paroissiens sont principalement issus de diverses sensibilités chrétiennes : réformée, luthérienne, évangélique, catholique. Des continentaux installés en Corse depuis parfois très longtemps d’origines cévenole, alsacienne, parisienne, suisse, malgache et corse. Le conseil presbytéral, dirigé par Sigrid Hansen-Catania, est issu du nord et du sud de l’île. Ce qui permet de palier les distances insulaires et d’organiser la vie d’Eglise autour des piliers traditionnels : Cycles bibliques mensuels pour adultes à Bastia, Ajaccio et Ghisonaccia ; Conférences et concerts plusieurs fois par an ; Création d’une chorale gospel à Bastia ; Participation, chaque semaine, aux deux radios chrétiennes de la Corse ; et organisation du catéchisme : un groupe d’Ecole Biblique sur Ajaccio et envoi d’un journal mensuel pour les autres avec récits bibliques et jeux. Enfin, depuis quatre ans, la paroisse organise un camp d’été pour les jeunes (Musée du Désert en 2018).
La paroisse est aussi très impliquée dans l’aumônerie de prison avec un aumônier issu de ses rangs dans chacun des trois établissements pénitentiaires de Corse. L’Église participe également, à Ajaccio comme à Bastia, à un Groupe local de réflexion « Concertation Prison » qui réunit des acteurs impliqués dans ce domaine, dont l’Entraide protestante qui soutient les prisonniers à leur sortie. « L’EPUdF de Corse reste une paroisse quelque peu missionnaire riche d’une forte solidarité régionale, observe Marie-Odile Wilson-Sorba. Mon ministère consiste à renforcer cette structure, notamment pour accueillir les nouveaux arrivants. Il faut du temps pour faire le lien et fidéliser. Mais notre paroisse demeure pertinente car la pensée protestante est nécessaire à l’offre spirituelle de la Corse. Quand bien-même l’Ile reste marquée par un catholicisme identitaire, il est important qu’il y ait des propositions spirituelles différentes. Du reste, ici, le protestantisme est considéré comme une confession historique depuis son installation au milieu du 19ème siècle à Bastia. Son audience est étonnante par rapport à notre nombre. »
Pour favoriser son développement en Corse, l’Église protestante unie poursuit deux principaux projets. Le premier consiste à « récupérer » à Ajaccio la chapelle anglicane construite au 19ème siècle, actuellement propriété de la commune. Il y aurait bon espoir. Affaire à suivre donc. Problèmes de locaux à résoudre également à Bastia. « C’est notre second grand projet, car nos locaux actuels, les cultes ayant lieu dans le presbytère, ne sont pas pratiques, difficiles d’accès et peu visibles. Il va nous falloir trouver un lieu pertinent pour un temple et les mécènes qui vont avec », reconnaît Marie-Odile Wilson-Sorba. Dernier projet pour cette dernière, qualifié de rêve, dans le cadre de l’association d’Entraide de la paroisse créée en 2016. Un projet à dimension diaconale et spirituelle autour de l’ouverture, à Bastia, d’un lieu d’accueil pluriel, convivial et mixte. Soit un espace pour accueillir et loger (moyennant un petit loyer) étudiants, réfugiés, personnes âgées ou artistes. Autre affaire à suivre …
(1) Bastia : Le temple se situe dans la maison paroissiale,16 route du Cap sur la commune de Pietranera.
Ajaccio : Le culte se déroule dans la chapelle catholique Sainte-Lucie, 79 cours Napoléon.
www.eglise-protestante-unie.fr/corse