Dans les Côtes d’Armor aux bords de la Manche, à Paimpol, l’Église évangélique baptiste reste profondément marquée par le monde anglo-saxon toujours soucieux d’évangélisation. C’est ainsi que ce haut-lieu touristique breton compte plus de pasteurs d’origine britannique que française !
L’histoire de l’Église évangélique baptiste de Paimpol reste plus que jamais liée au monde anglo-saxon. La proximité des côtes anglaises avec ce joli port de pêche breton explique sans doute ce lien. Mais pas seulement. En quelque 114 années, sur un total de huit pasteurs, cinq sont issus du monde anglo-saxon, du Royaume-Uni à l’Irlande en passant par les États-Unis. Tout débute à l’automne 1902 lorsque Charles Dickinson Terrell traverse la Manche en compagnie de sa femme Mabel pour venir évangéliser la région de Paimpol. Ce pasteur en provenance de Bristol fera construire le premier temple en bois en 1905 à Coatmer. Ce temple sera démonté et remonté à Paimpol en 1913 rue de l’Enfer (cela ne s’invente pas) aujourd’hui renommée rue de Goas Plat. A cette époque, les cultes dominicaux débutent. « En 1920, arrive l’homme clé de cette paroisse, Caradoc Jones. Un pasteur missionnaire gallois baptiste originaire de Cardiff, qui assurera son ministère pendant pas moins de 46 ans. Soutenu par Pioneer Mission, institution anglaise, Caradoc Jones donne son essor à la communauté baptiste. Celle-ci pourra acheter un terrain et faire construire le temple actuel au 36 de la rue du Professeur Jean Renaud », raconte Charles-Frank Thomas, pasteur actuel de la paroisse, lui-même américain et parlant merveilleusement le français (1). Un joli temple à l’architecture typiquement bretonne doté, à l’intérieur, d’une voute boisée inspirée d’une coque de bateau renversée. Caradoc Jones sera aidé dans sa mission par un colporteur évangélique Adolph Huck et le pasteur Arthur Matthews, tous deux anglais. « Ces trois hommes feront équipe pendant une quarantaine d’années et formeront la communauté. A l’époque l’église était pleine », poursuit Charles-Frank Thomas. Et, en 1970 seulement, arrive le premier pasteur français, Maurice Decker.
Mission oblige !
Seulement voilà, si le temple fut plein autrefois, la paroisse, sans pasteur à plein temps pendant dix ans, entre 2007 et 20017, connaît des heures plus calmes aujourd’hui avec une centaine de fidèles. Et l’esprit de mission de repasser par là. Charles-Frank Thomas, arrivé tout droit de Caroline du Nord avec sa femme Kathie (elle-même fille de pasteur), est envoyé à Paimpol à l’été 2017 pour revivifier la communauté. « Pendant toutes ces années sans pasteur, la paroisse évangélique baptiste de Paimpol continuait de vivre mais c’était loin d’être évident pour la communauté », précise notre pasteur américain retraité. Ceci expliquant cela, de nombreuses activités sont créées ou refont surface : l’École du dimanche, réunion d’un groupe de jeunes adultes le vendredi soir, développement de l’étude biblique et de la prière du mardi et création d’une réunion de prières le samedi après-midi. Charles-Frank Thomas, grand communicant devant l’Éternel (comme souvent Outre-Atlantique) s’emploie à faire connaître son église à l’extérieur, mission oblige. « Je vais en ville, je me présente. J’ai rencontré la paroisse catholique ce qui a permis d’intensifier les cérémonies œcuméniques, notamment pendant la semaine de l’unité. J’ai également rencontré le maire de Paimpol. Les habitants sont contents de voir revivre le temple protestant et nos voisins catholiques viennent parfois au culte dominical », se réjouit Charles-Frank qui connaît bien la France pour y avoir déjà vécu une quarantaine d’années à l’occasion de différentes missions. De façon plus prosaïque, la presse régionale s’est largement fait l’écho de ce redéploiement, soit un point de plus pour la notoriété. Et les projets ne manquent pas. La paroisse peut s’appuyer sur de grands locaux jouxtant le temple, rachetés en 2011. Des logements et de grandes salles pour organiser des temps de rencontre, accueillir les groupes, notamment de jeunes adultes. « Ces locaux nous permettront, par ailleurs, de développer l’aide aux populations défavorisées dans le cadre de notre association de bienfaisance Havre de Paix », précise Charles-Frank Thomas. Ce dernier, sera remplacé l’été prochain par un nouveau pasteur à plein temps bientôt nommé, et repartira en Caroline du Nord en juin : « nous attendrons notre prochaine mission. Je suis SOS Pasteur, toujours présent pour boucher les trous. Cela a toujours été ma vocation », conclut-il.
Marie Piat
Église Évangélique Baptiste – 36 rue du Professeur Jean Renaud 22500 Paimpol. 02 96 20 83 12. Culte le dimanche matin à 10h. eglises-baptistes.fr/Paimpol