A Lille, la tradition protestante remonte à la fin du 16ème siècle. L’Église protestante unie de Lille, appelée autrefois Église de la rose, dans la tradition calvinienne, s’adapte tout particulièrement à la nouvelle donne sociologique.
24 septembre 2017, au temple à Lille, Emmanuelle Seyboldt, fraichement élue présidente de l’Eglise Protestante Unie de France, prêche devant les paroissiens protestants lillois. Le tout en direct à la télévision (Présence Protestante). Un culte axé sur la nouvelle déclaration de foi annoncée en avant-première lors du synode national organisé toujours à Lille en mai dernier, là même où Emmanuelle Seyboldt a pris ses nouvelles fonctions. Le dynamisme protestant du nord de la France, cher à Jan-Albert Roetman, pasteur depuis six ans de l’EpudF de Lille, s’en est trouvé renforcé. L’agglomération lilloise, une région chargée d’histoire protestante comme tant d’autres en France. « Le temple, classé, a été construit en 1874 par des Alsaciens qui ont fui l’Alsace après la guerre de 1870. A la même époque, les juifs en ont fait autant et ont construit leur synagogue en face du temple. Les uns et les autres se sont installés dans cette région industrielle textile prospère à l’époque », rappelle Jan-Albert Roetman, néerlandais, installé en France depuis 27 ans.
Du côté des paroissiens, plutôt que de familles, Jan-Albert Roetman préfère parler de foyers, au nombre de 500 environ, constitués d’individus, parfois isolés, et de familles souvent recomposées. Soit 1/3 de personnes âgées de 60 ans et plus, 1/3 de 30 à 50 ans et, enfin, un dernier tiers de jeunes et enfants. « La pratique est différente suivant les âges. Les plus de 60 ans ont plus la culture du culte, les autres viennent de temps en temps, en fonction des événements », précise Jan-Albert Roetman. Et la paroisse lilloise d’organiser, sans surprise, des « événements » autour des fêtes chrétiennes.
Vocation plurielle
Depuis cinq ans, le temple se remplit ainsi le soir du vendredi saint. Extraits de la Passion selon Saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach, chants, temps de prière et recueillement. « Il ne s’agit pas d’un concert mais d’une démarche liturgique, apprécie le pasteur, qui nous permet de retrouver une forme d’espace communautaire. » La paroisse organise, par ailleurs chaque année avec succès, six concerts afin de promouvoir la musique et les chants du patrimoine protestant (Bach, Mendelssohn, …). Une musique très appréciée aussi lors des « Midi-Musique du Temple », qui se déroulent, de temps à autres, le mardi entre 12h30 et 14h30.
Egalement depuis huit ans, un temps de partage autour de l’Avent instauré par Eckhart Altemüller, co-pasteur de la paroisse jusqu’en 2015. « A partir du premier dimanche de l’Avent et jusqu’à Noël, chaque jour, une famille ouvre les portes de sa maison, entre 19h30 et 20h30, pour un temps de prières, de chants, agrémenté de saveurs gourmandes. Un vrai succès. Les paroissiens ne s’en lassent pas et se proposent spontanément pour accueillir », raconte Dominique Leclerc, présidente du conseil presbytéral depuis dix ans et paroissienne depuis toujours. Autre temps fort, celui du culte de la récolte, le premier dimanche d’octobre, avec dépose de fruits et légumes de saison apportés par les paroissiens sur la table de communion, et découverte de saveurs. « La création nous rend responsable de la nature », rappelle Jan-Albert Roetman. Des fruits et légumes qui seront distribués par L’Entraide de la paroisse, très active dans cette région où la précarité reste tenace.
Quant au « Sola Scriptura » de Martin Luther, Jan-Albert Roetman le complète avec « Sola Lectura. » Nom, depuis cette année, de l’étude biblique du mercredi soir, car « avant d’étudier, il faut déjà bien lire les textes », rappelle-t-il à juste titre. Au programme en octobre, les Epîtres de Pierre, Jacques et Jean. Les 500 ans de la Réforme sont aussi l’occasion de nombreux événements : conférences, temps de prière, concerts, théâtre (Luther et moi par la Cie du Sablier avec Gérard Rozier), ou bien encore Masterclasses pour chanter les cantiques de Luther à quatre voix. « Voilà comment l’Eglise vit sa vocation de manière plurielle dans les domaines musicaux, diaconaux et cultuels, se plaît à expliquer Jan-Albert Roetman. Un contexte qui confirme que l’Eglise joue de plus en plus un rôle de lien social.»
Marie Piat
- 15, rue Jeanne d’Arc – 59800 Lille. 03 20 54 77 28 protestants-lille.fr
- Quatre lieux de culte : Lille, Baisieux, Illies et Maison de retraite de l’Arche