Le Parlement européen condamne les pratiques criminelles de Poutine.
A mesure que la Russie multiplie les frappes meurtrières en Ukraine et s’efforce de rendre la vie impossible à ses habitants, en les privant d’eau, de chauffage, d’électricité, l’indignation grandit dans la plupart des pays occidentaux face à des crimes impardonnables. On ne peut manquer d’être ému par la détresse d’un peuple martyr mais aussi par le courage dont il fait preuve dans sa résistance obstinée. Dans ce climat de ruine et de désolation, aucun mot n’est assez fort pour condamner l’injustifiable comportement de Vladimir Poutine et l’escalade de ses crimes, qui n’appellent ni indulgence ni excuse. Le maître du Kremlin doit être aujourd’hui considéré comme un criminel de guerre qui ne mérite aucune pitié.
C’est ce qu’a bien compris le Parlement européen en adoptant, le 23 novembre, une résolution qui accuse l’Etat russe de se faire « le promoteur du terrorisme ». Selon les eurodéputés, l’attaque massive lancée par Moscou sur le territoire de son grand voisin recourt à « des moyens terroristes » contre la population ukrainienne, qui subit une offensive d’une rare violence, au mépris du droit international et du droit humanitaire. « Les dirigeants russes ciblent chaque jour davantage les civils ukrainiens pour les terroriser », explique l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui dénonce à la fois les bombardements visant des objectifs civils, comme les infrastructures d’énergie, les hôpitaux ou les écoles, et les agissements de « l’organisation terroriste Wagner » dont les mercenaires « violent, massacrent été terrorisent ».
Il est vrai que cette condamnation est surtout symbolique, le Parlement européen n’ayant pas le pouvoir d’infliger à la Russie les lourdes sanctions qu’appellerait l’accusation de terrorisme, mais elle envoie « un signal politique clair », comme l’a dit l’ancien premier ministre lituanien Andrius Kubilius, député européen. « L’Europe, les Européens, a-t-il souligné, ne veulent pas rester passifs, alors que leur grand voisin viole toutes les normes humanitaires et internationales ». Message bien reçu par le président ukrainien. « La Russie doit être isolée à tous les niveaux et tenue pour responsable, a déclaré Volodymyr Zelensky, afin de mettre un terme à sa politique de longue date en matière de terrorisme en Ukraine et dans le monde entier ».
Il n’est pas indifférent que le comportement de. Vladimir Poutine soit qualifié de terroriste. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » : la célèbre formule d’Albert Camus, rappelée par les eurodéputés socialistes français, s’applique parfaitement à l’invasion russe, que Moscou avait choisi d’appeler, dans un premier temps, une « opération militaire spéciale » et qui s’est révélée comme un acte criminel dont est victime un peuple souverain. Les mots comptent. Non seulement la qualification de terrorisme justifierait, comme l’a affirmé Raphaël Glucksmann, que les dirigeants russes soient traduits, le moment venu, devant un tribunal international mais encore elle balaie toutes les fausses raisons avancées par Vladimir Poutine pour légitimer sa décision.
Il n’est pas indifférent non plus que la résolution ait été adoptée par une large majorité d’eurodéputés (494 pour, 58 contre, 44 abstentions) ni que, parmi les Français, la quasi-totalité des élus du Rassemblement national (17 sur 18) ait voté contre tandis que 5 élus de la France insoumise (sur 6) s’abstenaient, ainsi que deux élus Les Républicains (Brice Hortefeux et Nadine Moreno). Ces votes reflètent bien la large solidarité des Européens à l’égard de l’Ukraine mais aussi les clivages qui divisent la classe politique française vis-à-vis de Vladimir Poutine. Le Parlement européen est dans son rôle en affirmant sa fidélité aux principes dont se réclament les démocraties occidentales et que bafouent ignominieusement le régime de Vladimir Poutine.
On peut comprendre que les Etats refusent d’utiliser le même vocabulaire, qui interdit toute possibilité de dialogue avec un ennemi auquel est déniée toute forme de rationalité. On ne négocie pas avec des terroristes, on les combat. Même si on voit mal, pour le moment, sur quelle base pourrait s’ouvrir une négociation, on ne peut exclure qu’à l’avenir une telle hypothèse se présente pour mettre fin au conflit. Dans cette perspective lointaine, pour ne pas dire inexistante, il est déconseillé aux Occidentaux de disqualifier par avance leur futur interlocuteur. Le Parlement européen, à juste titre, refuse d’entrer dans des considérations tactiques Une fois de plus, l’éthique de responsabilité s’oppose à l’éthique de conviction. Il appartiendra aux diplomates de chercher, autant que possible, à concilier l’une et l’autre lorsque viendra le temps de la discussion.
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