I. Réponse aux accusations
I.1. L’esprit de l’inquisition
Dès le début, les trois auteurs annoncent qu’ils ne répondront pas « point par point » à une prétendue « instrumentalisation des données scientifiques ». En effet, ils ne répondent ni « point par point », ni, d’ailleurs, à aucun point. C’est une des caractéristiques de ce courant, tactique éculée de l’inquisition : attaquer le bonhomme plutôt que répondre à ses thèses.
Au lieu d’argumenter sur les faits, ils préfèrent donc l’attaque personnelle. À les en croire : « il est difficile de réagir à un article où l’auteur manie, avec dextérité, le pamphlet, la stigmatisation et le mépris de tous ceux qui ne partagent pas sa propre idéologie sans tomber soi-même dans le piège d’une spirale de l’insulte ! » Diantre ! ma voilà coupable d’insulte, de stigmatisation et de mépris pour avoir osé ne pas partager leurs thèses.
Le sens du mot « insulte » est sans équivoque : il est l’expression d’une volonté d’outrager personnellement. C’est une forme d’injure sanctionnée par le code pénal. Il signifie le viol des bonnes mœurs et la volonté de dégradation humaine envers un individu désigné par des mots.
Or, je n’insulte aucune personne dans l’article incriminé et certainement pas ces trois inquisiteurs dont je ne connaissais pas même l’existence. À l’inverse, je critique l’« écologie profonde », sa démagogie, son obscurantisme, sa misère théorique et ses propagandistes dont je ne préjuge aucunement qu’ils seraient, en plus, opposés aux bonnes mœurs. Car je ne mélange pas le débat d’idées et les jugements moraux sur les personnes qui portent ces idées.
M’accuser de les insulter, c’est-à-dire de violer les bonnes mœurs et d’avoir la volonté de dégradation humaine envers eux, et cela alors que je ne les connais, ne les cite pas, n’insulte personne ? Il s’agit donc d’une diffamation.
Qu’ils m’accusent encore de stigmatiser et de mépriser le monde entier, sauf les partisans de mes thèses, alors que la simple lecture de ce texte, comme de mes livres, démontre que je défends tous les courants du progrès, en particulier tous les courants écologistes, mais non le leur, confirme que dès la première ligne, ils engagent la spirale de l’attaque personnelle qui se justifie à leurs yeux par mon opposition à leurs idées, comme pour toute inquisition qui préfère au débat, l’accusation d’immoralité.
Ils ne veulent pas distinguer les thèses d’un auteur, qui peut être critiqué comme auteur, et sa vie privée comme personne. Une confusion volontaire des thèses des opposants et de leur moralité qui se retrouve systématiquement dans toutes les inquisitions, jusqu’aux procès de Prague.
Avouer qu’il leur avoir été « difficile » d’éviter la « spirale de l’insulte », révèle non leur grande vertu mais leur fourberie, leur volonté de « salir » l’image leurs opposants pour imposer leur condamnation.
Pour ma part, je pense que les idéologies aveuglent et que bien de bons esprits sont par elles détournées de la quête de la vérité et de l’amour dû au procain.
I.2. Manichéisme ? La paille et leur poutre
Ces inquisiteurs m’accusent d’être « manichéen » et de condamner « tous ceux qui ne partagent pas (ma) propre idéologie ». Accusation cocasse venant de partisans de cette « écologie profonde » née (nous y reviendrons) du rejet radical de tous les courants de pensée qui défendent croissance et progrès, et des courants écologistes appelés avec mépris « écologie superficielle » par Arne Næss. « On voit la paille dans l’œil du voisin mais pas la poutre dans le sien »…
Le titre de mon article était pourtant clair : « Les différentes écoles de l’écologie ». Et non : « les deux écoles de l’écologie ». Le contenu aussi : j’y défends le camp du progrès, et ses nombreuses écoles, contre le camp obscurantiste de l’« écologie profonde ».
Serait-il donc « manichéen » de tenir pour fausse l’ « écologie profonde » ? À les en croire, il faudrait être plus subtile et prendre en compte les différences entre leurs sectes, plus ou moins rouges, plus ou moins vertes, toutes idolâtres. Or, si je ne suis pas favorable d’aimer « à la folie » l’idole Gaïa-la-Planète, je ne le suis pas non plus de l’aimer « beaucoup », ni même « un peu ». Mais « pas du tout ». Car la planète n’est pas un vivant. Pas même un être.
Contre les gris-gris de l’imagination et contre l’animisme, la conscience qu’il existe un amas appelé « terre » ne prouve ni la vie, ni, encore moins, la conscience de cette planète. Pas plus que la conscience qu’il y a des mottes de terre, ne prouve leur conscience. Et pour comprendre ce qui s’y joue, Planck et Einstein ont plus d’utilité que l’astrologie et l’animisme.
I.3. « Idéologie » ? Ils annulent l’histoire
os inquisiteurs m’accusent, ainsi que tous ceux qui ne communient pas avec eux, de défendre une « idéologie ». Laquelle ? Ils n’en disent mot. Diaboliser est au cœur du tous les procès engagés par les écologistes profonds pour terroriser leurs adversaires et les faire taire. Le lecteur doit comprendre que puisque je refuse la leur, c’est que j’en défends une autre. Un truc largement utilisé par toutes les inquisitions. Les partisans des droits de l’homme dans les pays staliniens, étaient nécessairement des défenseurs du « capitalisme » et les théologiens comme Maître Eckhart ou Guillaume d’Occam des « hérétiques » défenseurs d’une religion opposée à la bonne…
Une idéologie est un système fermé et global d’idées, de valeurs, de comportements qui veut s’imposer sur la société au nom d’un idéal social et politique, au mépris des faits et du respect des droits individuels. Dans mes écrits, non seulement je n’en défends aucune mais que je les combats toutes. Comme dans mes cours d’épistémologie, j’y défends les « sociétés ouvertes » (Karl Popper), les « programmes de recherche scientifiques » (Imre Lakatos) qui avancent par essais-erreurs et une métaphysique qui place les individus, leur libre créativité et leur capacité de décider du bien et du mal, au centre.
À l’inverse, les partisans de l’« écologie profonde » sont des idéologues.
Ils falsifient les faits jusqu’à inventer une planète fictive avec laquelle l’humanité aurait été en harmonie. Harmonie qu’ils prétendent retrouver par des actions de contrôle sur le mode de production, les sciences et la vie quotidienne des citoyens. Leur idéologie est ainsi totalitaire. Cela au nom de la « planète » à « sauver», dont ils connaitraient les besoins en nouveaux Maîtres de vérité.
Contre cette idéologie : l’histoire. Dont j’ai rappelé quelques faits dans l’article incriminé et, développée en détails dans L’Homo creator face à une Planète Impitoyable.
Quand commence le paléolithique, il y a environ 3,5 millions d’années, nos ancêtres ont déjà traversé 4 millions d’années d’holocaustes dus à la planète. Combien sont en vie ? 100 000 seulement après 4 millions d’années ! La fameuse Gaïa a détruit tous les autres. Après le paléolithique, encore des holocaustes et non une vie harmonieuse avec la nature. Des glaciations en nombre, 17 lors des seuls 2,6 derniers millions d’années, et autant de réchauffements inconnus de nos idolâtres qui veulent, pour culpabiliser l’humanité, tout ignorer des explosions nucléaires du soleil, des variations de l’angle de l’orbite et de l’axe de rotation terrestre, des déséquilibres « naturels » de l’atmosphère elle-même. Tout ignorer aussi des éruptions volcaniques, secousses sismiques, tempêtes, cyclones, tornades, tsunamis… des virus et bactéries, tout aussi naturels, vieux de plusieurs dizaines de millions d’années pour la coqueluche, la tuberculose, la lèpre, la syphilis… des cancers de toutes sortes, des os au cerveau… des maladies génétiques, des attaques animales… Que reste-t-il quand débute le néolithique, il y a 12 000 ans, des espèces humaines du genre Paranthropes et Homo qui survivaient encore au paléolithique ? « Les Paranthropes ? Des trois espèces, il ne reste bientôt plus rien, détruits à leur tour. Des 22 espèces du genre Homo ? Une seule a survécu. Oui, une seule. La fameuse Gaïa-la-Terre bienveillante a éliminé les 21 autres de la carte planétaire » ( L’Homo creator face à une Planète impitoyable). Finalement, 500 000 humains seulement sont parvenus au néolithique. Un gain de 400 000 individus en 3,5 millions d’années ! Et seuls 12% peuvent espérer dépasser 40 ans.
Voilà les faits.
Les idéologues de l’ « écologie profonde » doivent nier l’histoire et prétendre que les maux venus de la nature, des virus aux cyclones, sont dus à l’humanité, tant ils craignent de voir que les humains en concluent judicieusement que la planète ne mérite aucune génuflexion, brisent l’autel de Gaïa et se gaussent des nouveaux petits Maîtres de Vérité.