II.6. La fantasque santé de la planète et la lutte pour la vie des humains.
Il n’est pas anodin que les trois auteurs, à l’image de tous les idolâtres rouges-verts de la planète, m’accusent de « réduire la santé à la dynamique d’une industrie pharmaceutique et des biotechnologies » ce qu’ils dénoncent comme « un raccourci très réducteur ». Et pour vendre leur idéologie, ils inventent que jusqu’au début du 20e siècle, la santé se définissait comme « l’aptitude au travail et à la jouissance » dans une perspective d’adaptation à une société industrielle occidentale fondée sur la production et la consommation. Aujourd’hui, on prendrait « conscience que la bonne santé de l’humain passe par celle du vivant qui nous environne ». Ils donnent l’exemple des bons microbes dont ils ont entendu parler qui favoriseraient notre système immunitaire. Communier avec la nature serait le chemin pour la sauver et nous en même temps.
En ce qui concerne le « raccourci très réducteur », nos inquisiteurs se posent là. Car où ai-je écrit qu’il fallait se fier aveuglément à l’industrie pharmaceutique et aux biotechnologies ? Nulle part. Falsifier est évidemment plus facile pour condamner. Et dénoncer démagogiquement les industries pharmaceutiques permet de trouver quelques soutiens gauchistes et populistes.
Leur concept de santé comme « aptitude au travail et à la jouissance »? Il n’a jamais existé, seulement dans leurs fantasmes anticapitalistes qui servent à vendre leur idéologie. L’idée de préserver la santé apparaît dès les Âges des Métaux sans aucun souci ni de rentabilité, ni de jouissance. En rupture avec l’animisme, à partir au moins de l’école de médecine de Cnide, vers – 700 av. J.-C., puis, plus tard, celle d’Hippocrate (-460, -377), à Cos, les Grecs considèrent ainsi le corps humain dans son dysfonctionnement en visant son rétablissement dans le souci d’un état de bien-être global, physique, mental et social, ce pour quoi, par exemple, les rites autour du dieu Asclépios sont associés à la médecine. Un processus similaire se déroule en Égypte, qui met en place la pharmacopée, avec déjà des produits « chimiques » et les premières prothèses connues non pour amener au travail ou à la jouissance mais à l’harmonie. D’ailleurs, la première prothèse connue est celle de la fille d’un prêtre égyptien.
Mais avec la découverte de la « santé », cette harmonie recherchée n’est en aucun cas une harmonie avec la nature. Mais contre les maux qu’elle occasionne. À la manière d’Aristote, lui-même fils de médecin, et d’Hippocrate, le souci de la santé et ainsi dès l’origine celui de l’homme et de sa « prééminence ». D’où le serment attribué à Hippocrate qui vise ce bien être global : Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice. » « À leur avantage » : l’ »anthropocentrisme » est bien la clef et soigner le corps humain pour qu’il résiste aux agressions naturelles et s’améliore, fut-ce par des plantes arrachées au sol, l’objectif de la santé.
Une vision qui se dégageait peu à peu de l’animisme du chamanisme qui transportait ce fantasme de l’« écologie profonde » selon lequel la santé de l’humain passerait par « celle du vivant qui nous entoure ». Les chamanes pensaient en effet que les problèmes de santé seraient dus aux dérèglements de la nature dont les humains seraient responsables. Ainsi, pour les Yonamami du haut-Orénoque au Venezuela, où tous les écosystèmes se valent, humain, jaguar, banane, fleuve et roches, la maladie se pense comme rupture disharmonique avec la planète due aux humains. « Un puma tué, une banane enlevée, une feuille de palmier ôtée : c’est un esprit « en moins ». Il va falloir se faire pardonner d’avoir ainsi retranché par ses activités des esprits à la nature, des esprits végétaux ou animaux. Il va falloir compenser ce vol en donnant un équivalent « en plus ». Une sorte de troc des esprits. (…) Ainsi, manger des fruits du palmier est bon pour les Yanomani qui peuvent troquer cela contre une prière ou une offrande, sauf pour une femme qui a ses premières règles, qui n’a pas droit au troc, et qui serait alors sanctionnée par un éborgnage de son mari, via une épine de ce même esprit- palmier qui viendrait se ficher dans l’œil. (…)» (L’Homo creator face à une planète impitoyable) Malheur à la tribu qui ne chercherait pas à communier avec les « écocystèlmes » !
Nos experts en eau profonde ont même découvert des bactéries sympathiques pour appuyer leurs dires. Ce qui les rend plus animistes encore que les chamanes qui imaginaient, à côté d’esprits bienfaisants, des esprits mauvais qu’il fallait séduire par prières et sacrifices.
Certes, il y a un millier de sortes de bactéries dans le corps mais dans quelle pochette surprise ont-ils découvert qu’elles étaient nécessairement conviviales et anodines à condition de tenter la vie en harmonie dans le « Grand Soi » et de ne pas laisser se développer croissance et capitalisme ? Les humains morts il y a plus 510 000 ans de la tuberculose, avaient-ils trop célébré l’industrie dans leurs abris sous roche ? Et ceux qui ont été tués par la syphilis, il y a 1,5 million d’années ? De la coqueluche, il y a 2 millions d’années ? Gentils les petits virus, si on ne les chagrine pas ? 200 espèces pathogènes, c’est pour se venger ? A coups de variole, d’encéphalite… de virus T-lymphotropique transmis par les gentils animaux qui cause la leucémie au paléolithique peuvent-ils être courtisé s? Et les cancers comme celui des os, qui existent depuis au moins 1,95 million d’années seraient-ils dus à la pollution … du paléolithique ? Vivre en harmonie avec Gaïa permettrait donc d’éviter les 6 000 maladies génétiques, dont nombre sont prouvées depuis des milliers d’années ?
Plus près de nous le tiers de la population d’Athènes mort de typhoïde en – 430, la disparition de 10% de la population de l’empire romain par la peste entre -165 et -170, l’épidémie de variole qui tua jusqu’à 5 000 individus par jour à Rome au IIIème siècle, et qui ravagea jusqu’à l’Égypte ?… tout cela serait dû à la « course à la croissance » et à un manque de prise en compte des autres vivants ?
Oui, j’ai écrit que « la santé impose le progrès » et celui-ci, les sciences. Ce que le traitement du Covid-19 prouve encore. Ai-je écrit que le progrès n’impose « que » les sciences ? Comment ignorer les règles d’hygiène, l’alimentation, les comportements etc… ? Au passage, sont-ils à ce point ignorants qu’ils réduisent les sciences aux « biotechnologies rouges » qui concernent la santé ? Et ne pourraient-ils s’intéresser aux « biotechnologies jaunes » dont l’objectif est de résoudre les problèmes environnementaux, ou aux « biotechnologies vertes » qui améliorent agriculture, élevage et agroalimentaire, essentiels contre la sous-nutrition ?
Comment financer sans croissance ? Par quelle opération de Saint Profond ? Le coût moyen de production d’un médicament ? Entre 800 millions et 1,5 milliard de $. Est-ce un hasard si les biotechnologies représentent plus de 1000 milliards de dollars de capitalisation dans les seuls pays riches ? Et si les sociétés les moins prospères sont aussi celles qui souffrent le plus de problèmes sanitaires ?
La santé de la planète ? L’idée que la bonne santé des humains passerait par celle des autres vivants ? Des chimères qui démontrent l’archaïsme de ces « écologistes profonds » qui ont la profondeur des abysses de leurs eaux glacées.
Avec le camp du progrès, je maintiens cette proposition de bon sens : « La santé impose le progrès donc les sciences, donc la croissance ». Grâce à l’industrialisation et aux laboratoires, grâce aux technologies et aux savoirs, grâce à cette domination chaque jour plus conquérante de la planète, il n’y a jamais eu autant d’espoir pour lutter contre les souffrances qui assaillent l’humanité. Et quand bien même on m’annoncerait une apocalypse, je continuerais à défendre cette nature créatrice humaine qui humanise cette planète. Comme le disait Martin Luther, « si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier ».
L’homo creator face à une Planète impitoyable. Sous-titre: 7 millions d’années face à l’idolâtrie de la nature.
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