I. suite. Réponse aux accusations. L’esprit des sciences contre l’écologie profonde

I.4. Contre l’esprit des sciences ? L’hôpital qui se moque de la charité

Pour vendre leurs dogmes, les idéologues de l’ « écologie profonde » n’hésitent pas à attribuer à leurs opposants des positions si ridicules sur les sciences que Bouvard et Pécuchet eux-mêmes ne pourraient y adhérer. Ils prétendent que je refuserais de discuter de la « pertinence des innovations technologiques » dont je défendrais les bienfaits aveuglément. Où ai-je écrit qu’il était interdit de discuter des innovations technologiques ? Nulle part. Dans le petit article incriminé, je réponds seulement par des faits scientifiques à quelles unes des affabulations de l’écologie profonde. 

Eux, à l’inverse, seraient ouverts, tolérants, mais méfiants. Pour justifier cette méfiance, dont on va voir qu’elle est conduit systématiquement à mettre en cause les avancées technologiques, ils avancent cette banalité connue depuis plus de deux mille ans, qu’ils prennent pour une découverte exceptionnelle de l’« écologie profonde » : les sciences se trompent parfois et connaissent même des impasses. Ce qui leur permet de se livrer à une attaque en règle contre l’esprit des sciences et ceux qui le soutiennent.

Ils ont raison : les positions du camp du progrès et les leurs sont incompatibles. 

Car loin de nier les impasses et les erreurs scientifiques, et loin d’en profiter pour vouloir freiner les sciences les contrôler avec des administrations ou des comités d’experts en Bible verte, les amis du progrès les célèbrent. Et cela depuis Aristote et Archimède. 

Car toute l’histoire du progrès est en effet une avancée par essais et erreurs. Et cela ne se peut autrement. C’est pourquoi il est si important pour toute proposition authentiquement scientifique d’être falsifiable par les faits, que la concurrence scientifique soit assurée et que soit libérée l’innovation créatrice en lui donnant par la croissance les moyens d’avancer toujours plus loin. C’est aussi pourquoi il est important aussi d’offrir aux individus le maximum de culture possible pour qu’ils participent à la créativité et aux débats rationnels et résistent ainsi à l’obscurantisme des démagogues qui leur vendent vents apocalyptiques, éoliennes idéologiques, contrôle étatique de la vie quotidienne en guise de pensées. 

À l’inverse, les idéologues de l’« écologie profonde «  profitent de la moindre erreur, de la moindre faille, de la moindre imperfection pour pointer du doigt les innovations, attiser les peurs, freiner la créativité et vendre l’apocalypse selon saint Profond. Au nom de la « précaution » et de la « prévention », ils combattent l’esprit d’innovation.

r, puisqu’il y a toujours des imperfections, des points d’ignorance, des incapacités à prévoir les conséquences des innovations, puisque tout ce que l’humanité peut faire c’est « le meilleur possible » (Aristote) et non le meilleur, les occasions sont innombrables pour qu’ils puissent vendre effrontément, effondrement de la civilisation, terre qui brûle, Planète qui meurt … Ils auraient interdit l’usage du feu, généralisé il y a 400 000 ans au nom des incendies possibles de forêt et la taille du silex au nom du danger de fabriquer des pointes de flèche comme nos trois compères dénoncent aujourd’hui la « course » aux nouvelles technologies.  

Face aux erreurs et impasses, le camp du progrès dénonce la misologie (haine de la raison) comme la pire des solutions. Il affirme que nous ne souffrons pas de trop de savoir et de technologies mais de pas assez. Non pas de trop d’individualisme créatif mais de pas assez. Et, j’ose même m’aventurer à défendre, comme un célèbre théologien, que les avancées du savoir sont un peu comme des grâces, des dons de l’Esprit de Dieu, distribués « pour le bien commun du genre humain »… 

I. 5. Accusation d’oubli du social et du politique 

« Les questions sociale et politique sont entièrement absentes du discours de M. Roucaute, sinon pour fustiger les rouges-verts au détour d’un paragraphe » accusent mes inquisiteurs. « Entièrement absentes » ? Me voilà sans cœur « social » et sans conscience « politique » mais non sans reproches. Les écologistes profonds auraient-ils donc le monopole du cœur ? 

Qu’ils associent « social et politique » est symptomatique. Ces défenseurs de l’« écologie profonde »prétendent régler les « problèmes sociaux » par des réglementations « politiques » : punitions, chasse aux riches, aux savants politiquement incorrects, aux philosophes qui défendent la liberté… jusqu’au droit à l’inquisition dans la vie privée des citoyens, assiettes comprises. 

Le camp du progrès refuse cette association du « social » et du « politique », typique de l’héritage marxiste. Il croit en l’individu charitable, aux associations dont les églises, les syndicats, les groupes de solidarité interindividuel, il croit au jeu mutuelliste et à plein de trucs qui mettent individu, famille, société civile au centre et excluent la prééminence de l’État 

Je soutiens avec John Locke, que tout ce qui est social n’est pas politique, que le politique est second, créé par et pour les individus, et que l’appétence pour le « pouvoir » est concomitante de la tendance à en abuser. Les décisions de certains maires écologistes profonds en France démontrent, s’il le fallait, cette propension d’enfermer les libertés sous prétexte de « sauver la planète » dés que certains ont une once de « pouvoir ». 

A vrai dire, le politique est un mal. Un mal nécessaire contre un plus grand mal.  Dans les trous des mailles du filet social, quand le libre jeu interindividuel et inter-associatif ne suffit pas, alors les interventions politiques peuvent être utiles pour arrêter le crime, aider les plus défavorisés, veiller à l’égalité des chances, permettre d’exercer la créativité individuelle de chacun en supprimant les obstacles… Le champ d’action peut être plus large dans les situations de crises ou les moments de résistance à l’oppression étrangère. 

Mais les détenteurs du « pouvoir » politique doivent voir leur activité limitée, contrôlée, réduite quand cela se peut. Derrière l’étatisme de l’écologie profonde, comme hier derrière l’air de la sociale des totalitarismes rouges, bruns et verts, j’entends toujours les grognements du Léviathan.

À l’inverse, le camp du progrès a bien le souci du « social ». Du vrai « social ». Car défendre les innovations technologiques, la mondialisation, la croissance et la créativité pour une domination toujours plus grande de la nature est l’expression d’un point de vue « social ». Et c’est bien ce que le petit texte mis à l’index par nos inquisiteurs a dit

Non pas l’ »oubli » du social, mais sa prise en compte authentique. Et «authentique » n’est pas un mot anodin.

Oui, il est « social » d’éradiquer au bénéfice de ceux qui en souffrent, les maladies virales naturelles, les maladies bactériennes naturelles, la maladies parasitaires naturelles, les maladies génétiques naturelles… de prévoir les moyens de résister pour les villages et les villes aux éruptions volcaniques naturelles, aux tsunamis naturels, aux cyclones naturels, aux tornades naturelles, aux tremblements de terre naturels… d’abolir la mortalité infantile qui touche surtout les plus défavorisés, d’augmenter l’espérance de vie pour tous… de préparer l’abolition du travail qui conduit à l’aliénation et à la souffrance, de façonner des aliments améliorés et faible prix voire gratuits, de produire de l’eau jusqu’au Sahel, de partager savoirs et technologies avec les pays les plus déshérités…  

Des problèmes sociaux ? Il y en a, et il y en aura longtemps. L’humain n’est ni un dieu, ni un demi-dieu. Mais l’humanité n’a pas besoin des idéologues de l’« écologie profonde », de ses militants et chefs ignorants. Elle a déjà payé lourdement dans le passé sa croyance en des Maîtres de vérité qui profitent de la souffrance pour vendre recettes de bonheur et mesures liberticides. Et qui freinent la course à la créativité et à la croissance, donc la course vers toujours moins de souffrance et plus de justice sociale. C’est pourquoi, il est vrai de dire que non seulement l’écologie profonde n’a pas le monopole du cœur mais qu’elle en est son fossoyeur.