Un détenu qui choisit de suivre Dieu (3ème partie)

Au bout de trois mois, un aumônier de la prison est venu me rendre visite en cellule, me
connaissant de l’extérieur et ayant appris mon incarcération.

Il a pris la décision de venir me parler. Il m’a proposé de m’inscrire sur la liste du culte pour que je puisse y participer. J’ai accepté, plus dans le but de pouvoir sortir de ma cellule que dans l’espoir que Dieu puisse
m’apporter quelque chose. De toute façon, je n’attendais plus rien, mais je me trompais.

Comme je le disais à l’époque, il y a un proverbe qui dit : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de
l’espoir», et j’ajouterai:« S’i l n’y a plus d’espoir, il n’y a plus de vie».
Mais Dieu ne m’a pas abandonné. En plus des cultes, j’ai commencé à recevoir des visites
individuelles du pasteur à qui j’ai pu confier mon désespoir et mon envie de mourir. Bien
qu’il me disait que le suicide n’était pas la solution, il ne m’a pas jugé ni sermonné. J’ai pu
accepter que, malgré mon désespoir, Dieu m’aimait quel que soit mon choix, mais qu’il
avait un plan pour ma vie future.
Beaucoup de personnes ont prié pour moi, que ce soit dans ma famille (même si certains
m’ont rejeté en raison de mes actes, ce que je peux comprendre), les membres de mon
église qui ont appris mon incarcération, les amis chrétiens (même si beaucoup m’ont
oublié), les aumôniers de la prison, et sans doute d’autres personnes connues ou inconnues
à qui ma situation a touché le cœur.


Par l’intermédiaire de l’aumônier, j’ai été mis en relation avec la correspondance de la
CEDEF, une chrétienne qui correspond régulièrement avec moi. Elle continue à m’écrire
même lorsque je ne lui réponds pas pendant des mois, et elle m’encourage à lire ma Bible,
à prier, à garder espoir. Chaque fin d’année, elle m’envoie un support quotidien avec un
verset et elle prie pour moi.
Lors de sa première visite, l’aumônier m’a donné un Calendrier de la Bonne Semence. Au
début, je l’ai pris surtout pour avoir la date du jour, car je n’avais plus de montre depuis mon
incarcération, étant donné que les objets électroniques sont interdits en prison, sauf ceux
qui sont achetés en prison. Mais ensuite, je me suis mis à le lire chaque jour. J’ai demandé
une Bible, car j’avais envie de la relire. Ma famille m’a envoyé un lecteur biblique pour avoir
un support supplémentaire. Et Dieu m’a parlé, il m’a montré qu’il m’aimait malgré mes
péchés, non seulement celui qui m’a envoyé en prison, mais tous les autres aussi, et la liste
est longue. Depuis ce jour, je lis ma Bible tous les matins, en utilisant plusieurs supports qui
me sont envoyés. Je prie pour ma famille, mes amis, le pasteur, les aumôniers et les détenus
que j’ai rencontrés lors du culte et à ceux à qui j’ai pu leur parle du pardon offert par Jésus
pour tous, ainsi que des sujets de prière qui me sont confiés.


Puis vint le jour de mon jugement terrestre, une épreuve difficile où, en tant qu’accusé, je
n’avais pas le droit d’intervenir. Lorsque des mensonges étaient énoncés, je ne pouvais pas
les contredire. Mais les seuls moments où je me suis exprimé furent au début, pour
confirmer ma culpabilité des faits qui m’étaient reprochés, exprimer mes regrets et
présenter mes excuses à ceux que j’avais blessés, ainsi qu’à la fin, si j’avais quelque chose à
ajouter, où j’ai encore une fois présenté mes excuses et exprimé mes regrets. En France, il
faut prouver son innocence, car par défaut, vous êtes considéré comme coupable. Pour ma
part, j’étais coupable et je le confirme encore aujourd’hui, mais les circonstances qui
expliquaient mes actes (sans chercher à minimiser leur gravité) ont été ignorées.
Pendant les délibérations du jury, j’ai attendu dans une petite pièce de 5 m2, sans fenêtre,
avec seulement une faible lumière. Je n’avais pas de montre pour voir le temps qui passait,
ni d’eau à boire. Mais le pire était de savoir que si la peine requise par le procureur était
confirmée, je passerais plus de 12 ans en prison. À ce moment-là, je me suis promis de me
suicider si la peine était celle demandée. J’avais préparé tout ce qu’il fallait pour le faire en
cellule. J’étais complètement abattu, mais malgré cette tension, je ressentais une paix
intérieure qui venait de Dieu lui-même. Je savais que de nombreuses personnes priaient
pour moi et pour ce verdict. J’avais confié ce verdict à Dieu dans ma prière. Et pendant
cette attente, j’ai prié pour que le verdict soit juste pour moi, mais aussi pour les victimes. Je
savais que pour moi, ce serait toujours trop long, mais que pour les victimes, cela ne serait
jamais assez.
Lorsqu’on est venu me chercher, j’ai demandé l’heure et j’ai constaté que j’avais attendu
environ trois heures. Pour moi, cela ne semblait être qu’une heure et demie maximum. Je
sais que Dieu a le pouvoir sur le temps, et pour moi, le temps n’a pas été pénible.
Finalement, j’allais passer entre 6 et 10 ans en prison (en fonction de la date d’acceptation
de ma libération conditionnelle). C’est une longue période, bien sûr, mais j’ai accepté de
considérer cette durée comme juste, car c’est Dieu qui l’a déterminée. Je sais que Dieu a dû
permettre mon arrestation pour que je change, sinon je serais perdu. Cela peut sembler
fou, mais je le remercie d’avoir agi ainsi, et je le remercie aussi parce que le temps que je
passe en prison me permet d’approfondir sa parole et de témoigner de ce qu’il a fait pour
chacun de nous. Parfois, il suffit d’offrir un Calendrier de la Bonne Semence, que j’ai
distribué à plusieurs personnes.
Merci aux Églises qui offrent leurs lectures aux aumôniers de prison pour qu’elles soient
distribuées gratuitement, que ce soit des calendriers, des Nouveaux Testaments ou des
Bibles. Même si je n’ai plus de nouvelles de ces contacts, avec presque toutes les personnes
à qui j’ai parlé de Dieu, je sais que Dieu s’est servi de moi pour semer une graine. Il les
arrosera par d’autres moyens, et elles pourront grandir.

Je continue à prier individuellement pour chacun, y compris ceux avec qui je correspond.
J’envoie des feuillets sélectionnés à chaque lettre. Certains sont plus réceptifs que d’autres,
mais je sais que Dieu a un plan pour eux.
Je me souviens d’un détenu qui me remerciait à chaque culte de l’avoir fait inscrire sur la
liste du culte. Je lui répondais que c’est à Dieu qu’il devait dire merci, car c’est lui qui avait
permis notre rencontre et son inscription. Je considère chaque opportunité comme une
occasion de parler de Dieu, mais c’est très difficile en prison, car beaucoup ne veulent pas
entendre parler de religion. Ceux qui pratiquent d’autres religions considèrent cela comme
une menace pour leurs croyances. Je dois donc être prudent à chaque fois que je saisis une
opportunité, car même si la personne à qui je parle est réceptive, d’autres qui nous
entendent ne le sont pas. Je place ma confiance et ma sécurité en Dieu pour me protéger
de toute agression, et jusqu’à présent, il l’a fait, et je sais qu’il continuera à le faire.
Grâce aux promesses de Dieu et aux prières de ceux qui m’entourent, j’ai surmonté ma
dépression. Même si j’ai encore des moments de découragement, je n’ai plus envie de
mourir, mais je n’ai plus peur de la mort. Je peux même dire que je l’espère, bien que cela
n’arrivera sans doute pas tout de suite. Ce sera au moment choisi par Dieu, pour être libéré
de ce monde et être en sa présence.
D’ici là, j’espère pouvoir continuer à partager mon témoignage en prison et à semer des
graines. Il y a encore beaucoup de personnes qui ont besoin d’aide pour trouver Dieu
parmi les détenus.


Dans Matthieu 25, verset 36, il est écrit : «J’étais en prison et vous êtes venus vers moi.» À
ma sortie, j’aimerais pouvoir continuer ce ministère auprès des détenus. Pour cela, je profite
de mon temps libre important en prison pour approfondir mes connaissances de la Bible.
Je suis des cours bibliques par correspondance avec le soutien de l’aumônier. Il est
important pour moi de partager la bonne nouvelle de l’Évangile, car moi-même je l’ai
reçue : la mort de Jésus pour nos péchés, sa résurrection qui nous montre le chemin de la
vie, et les nombreuses promesses de Dieu pour chacun.
Plus j’apprends, plus je réalise que j’ai encore beaucoup à découvrir. Mais le plus important
est de bien comprendre la grâce que Dieu nous offre gratuitement. Il nous l’a déjà offerte
par avance, il y a plus de 2000 ans, dans le sacrifice de Jésus. Nous n’avons pas d’œuvre à
accomplir pour la recevoir, ni à payer. Il nous suffit de nous repentir de nos péchés,
d’accepter Jésus comme notre Sauveur et Seigneur, d’abandonner notre manière de vivre
dans le péché. Les œuvres viennent ensuite, pour exprimer notre reconnaissance pour ce
qu’il a déjà fait. Les œuvres ne nous apporteront rien, si ce n’est la joie de le servir. C’est une
fois sauvé que j’ai eu le désir de le servir pleinement. Mais je ne suis pas parfait,
malheureusement il m’arrive encore de pécher. Même si cela ne remet pas en cause mon
salut, cela me peine profondément et je demande pardon à Dieu. Je refuse cependant de
pécher intentionnellement, car le prix de mon pardon a été Sa mort sur la croix, à ma place.
L’assurance du pardon de Dieu n’est pas une autorisation de pécher. Je souhaite que ma
vie soit autant que possible en accord avec ce que Dieu attend de moi.


Dans Matthieu 9, verset 12, il est écrit: «Mais Jésus, qui avait entendu, leur dit: Ce ne sont
pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades.» S’il y a bien un endroit
où il y a des personnes malades du péché, c’est en prison. Même si la société ne veut plus
de nous, Dieu veut sauver chacun d’entre nous. Mais c’est seulement en leur parlant de ce
que Dieu a fait pour eux qu’ils pourront en prendre conscience.
J’aime le verset de 2 Corinthiens 12, versets 8 et 9 qui dit:« Et il m’a dit: Ma grâce te suffit,
car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Ainsi, je me montrerai bien plus volontiers
fier de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi ». Je sais que j’ai, et
que j’aurai toujours, des faiblesses. Mais ces faiblesses permettent à Dieu de montrer sa
puissance et me rappellent que je ne suis pas au-dessus des autres, que je suis imparfait, et
que j’ai besoin du pardon de Dieu qu’il m’offre. Je suis encore un pécheur potentiel, même
si j’essaie de suivre la volonté de Dieu à chaque instant. Mais surtout, j’ai l’assurance de mon
salut et de la vie éternelle que Dieu m’a promise malgré mes faiblesses.
Ce sont mes choix et mes actes qui m’ont conduit en prison, mais c’est Dieu qui m’a aussi
envoyé ici pour m’arrêter dans mon autodestruction. C’est lui qui m’a donné les personnes,
les paroles, les versets, la force de tenir bon et de changer de comportement, de
fonctionnement et de pensée. Et même si j’ai encore beaucoup à apprendre, il est là, à mes
côtés. Il me soutiendra dans mes combats pour suivre le chemin qu’il a tracé pour moi. Je
ne sais pas si je pourrai un jour apporter l’Évangile en prison ou ailleurs, car si Dieu me
conduit sur un autre chemin, je lui fais confiance. Je suis prêt à suivre son plan pour moi. Il
me soutiendra et me donnera la force de faire face à mes moments de découragement et
de surmonter tous les obstacles que le monde mettra sur ma route.
Un détenu qui choisit de suivre Dieu .