Tel est le thème retenu cette année pour les Journées nationales prison qui ont eu lieu la troisième semaine de novembre 2024.
Dans une note qui présente et développe ce thème, Claude COLIN, maire adjoint à la Culture de Corbas, explique :
« La personne condamnée ou prévenue est la plupart du temps quelqu’un qui n’est pas isolé, il ou elle est membre d’une famille qui va être entraînée dans une situation nouvelle stressante, les membres de cette famille non coupable vont devoir porter cette peine malgré eux. Dans le traumatisme causé par l’incarcération du père, de l’épouse, ou de l’enfant, c’est tout d’abord la famille nucléaire qui est touchée, suivie de la parenté qui devront supporter le silence ou l’opprobre de leur environnement, ils devront réorganiser leur vie en conséquence. Des ruptures, des conflits ont des risques de se produire, il faut subvenir au quotidien, à une perte brutale de revenus et leurs conséquences sur la vie quotidienne, le logement, l’éducation des enfants, la place des jeunes. La fratrie, les grands parents sont aussi touchés et vont soit organiser une solidarité familiale, soit se déchirer, se désolidariser, une incarcération n’est pas sans conséquence sociale. Il me semble important de traiter ces problématiques de la famille également punie par l’enfermement de l’un de ses membres au cours des Journées Nationales Prisons 2024. »
Ces thématiques et questions ont été déclinées et développées lors de nombreuses manifestations organisées dans toutes les régions de France hexagonale, grandes villes ou villes moyennes, et jusqu’à la Réunion ou la Martinique. Au total, une soixantaine d’actions connues, mais sans doute y en a-t-il eu davantage, qui ont rassemblé entre 50 et 100 participants en moyenne. Les programmes proposés, souvent à partir de ressources fournies par le Groupe National de Concertation Prison (GNCP), ont été préparés par des groupes locaux de concertation prison (GLCP), qui s’adjoignent souvent des partenaires locaux, actifs dans ce domaine. Ils témoignent de la vitalité de ces groupes locaux et demeures réseaux. Dans plusieurs endroits ont eu lieu des débats à partir de films qui abordent plus ou moins directement cette question : « La vie du dehors » de Pascal Marc, « La prisonnière de Bordeaux » de Patricia Mazuy, « Sons » de Gustav Moller ; ou encore des documentaires comme « Au delà des barreaux », « Un demi-mètre carré de liberté » de Inga Lavolé-Khavkina, ou « Temps mort ».
En d’autres lieux, ce sont plutôt des soirées débat échanges : que ce soit, comme à Strasbourg, à partir d’une conférence donnée par une sociologue, Caroline Touraut (autrice de « La famille à l’épreuve de la prison ») ou à Lyon autour de questions sur l’impact de l’incarcération d’une personne sur la famille : « Combien de personnes sont touchées ? Comment réintégrer sa famille après la détention ? Que peut la justice restaurative ? Observe-t-on des différences entre les pays ? »Avec des témoignages d’anciennes personnes détenues. La richesse et l’intérêt de ces manifestations, c’est aussi, en plus des informations et réflexions sur le thème proposé, de permettre la rencontre avec des acteurs de terrain, des personnes de l’administration pénitentiaire, en particulier des conseillers d’insertion et de probation.
Ces Journées Nationales des Prisons sont organisées tous les ans à cette même période de l’année dans les différentes régions et villes françaises, par un collectif d’associations, le groupe national de concertation prison (GNCP), dont l’aumônerie protestante aux prisons fait partie, aux côtés de nombre d’associations qui œuvrent dans et autour des prisons. Par exemple : l’aumônerie catholique, l’aumônerie musulmane, l’association des Visiteurs de personnes sous main de justice (ANVP), le Secours catholique, la Croix rouge, la Cimade, l’Union nationale des Fédérations Régionales des Associations de Maisons d’Accueil de familles et proches de personnes détenues (UFRAMA), la Fédération des associations réflexion action prison & justice (FARAPEJ), le Courrier de Beauvais, AUXILIA, une nouvelle chance, les anciens du GENEPI, Citoyens et justice. Elles ont aussi pour objectif de faire connaitre et de sensibiliser le « grand public »aux réalités du monde de la prison, d’en faire découvrir différents aspects et enjeux, ce qui se fait et les défis à relever, les difficultés à affronter. C’est aussi un lieu d’échange de concertation, de réflexion et parfois de plaidoyer, ou de soutien aux associations qui font du plaidoyer sur des questions importantes, comme la surpopulation carcérale. Chaque année un thème est proposé, en 2023, c’était « La prison, en sortir ».
Une interrogation s’impose toutefois. Même si le public participant à ces rencontres est assez nombreux, il est souvent composé en grande majorité de personnes déjà sensibilisées à ces questions, familières de ces sujets. Il y a donc encore bien du travail à faire et des défis à relever pour toucher des publics plus vastes et faire comprendre les réalités du monde carcéral, tant ses difficultés que ce qui se fait, les réalisations positives. Les JNP sont une occasion, mais rien n’empêche de créer des événements au cours de l’année, et surtout de s’informer sur le monde carcéral.