Un détenu qui choisit de suivre Dieu (1ère partie)

Cela fait maintenant plus de trois ans que Dieu a mis un terme à ma spirale autodestructrice en permettant mon arrestation pour des actes graves que j’ai finalement reconnus.

Toutefois, afin de bien saisir les raisons qui m’ont conduit à cette situation, je vais remonter à mon enfance. J’ai grandi au sein d’une famille protestante chrétienne. Bien que mon père soit peu présent à la maison et ait tourné le dos à Dieu, ma mère nous emmenait, mon frère et moi, à l’église tous les dimanches. J’ai participé à l’école du dimanche, à diverses activités centrées autour de Dieu, ainsi qu’aux récits bibliques et aux activités scoutes. Vers l’âge de 11 ans, j’ai remis mon cœur d’enfant à Dieu et lui ai demandé pardon pour mes péchés, bien que je n’aie pas pleinement compris les implications, ma sincérité était authentique. Avec l’aide de lecteurs, je lisais quotidiennement ma Bible et je continuais à fréquenter les cultes et les activités religieuses. Cependant, au fil du temps, j’ai progressivement perdu ma discipline dans la lecture de la Bible. Le divorce de mes parents a profondément bouleversé ma vie familiale et mes relations affectives. J’ai vécu avec ma mère, mais le divorce a également permis de renouer avec mon père, que je voyais désormais plus souvent qu’avant. Il m’encourageait même à assister aux cultes du dimanche, bien qu’il ne m’accompagne pas.

Ma mère s’est remariée deux ans plus tard, et j’ai développé de bonnes relations avec mon beau-père, qui a trouvé sa place dans ma vie. Un an plus tard, nous avons déménagé loin de ma ville natale et de mes amis. Ce fut une période extrêmement difficile marquée par un isolement social, car j’ai eu énormément de mal à me faire de nouveaux amis. Je continuais de voir mon père, mais la distance réduisait la fréquence de nos rencontres. C’est pendant cette période que j’ai commencé à m’éloigner du Seigneur. Je ne lisais plus ma Bible, je ne priais plus, et bien que j’assistais toujours aux cultes du dimanche, je le faisais sans réellement écouter ou m’intéresser. J’étais déçu, car pendant des années, j’avais tenu Dieu responsable de mes problèmes. Même si ma vie n’était pas chaotique et que je n’étais pas impliqué dans la drogue, l’alcool ou le tabac, je m’éloignais de plus en plus de Dieu. Bien que je puisse donner l’impression d’être un chrétien à l’extérieur, respectant les autres, la loi et la plupart des commandements divins, je ne me considérais pas comme une personne vertueuse. Je n’infligeais pas de mal aux autres, mais je me faisais du tort à moi-même sans réellement m’en rendre compte.

Ma vie a suivi son cours, avec un nouveau déménagement en compagnie de ma mère et de mon beau-père. Puis, à l’âge de 17 ans, je me suis retrouvé seul dans un appartement, gérant mes cours, mon petit budget, mes courses et mes repas. Je voyais ma mère et mon beau-père tous les samedis, ils étaient à environ 5 km, mais leurs activités professionnelles ne leur permettaient pas de vivre avec moi. Quant à mon père, je le voyais pendant les vacances. J’étais ravi de cette liberté et de cette confiance qui m’étaient accordées, sans pour autant en abuser. J’ai passé mon B.A.F.A et j’ai encadré des colonies de vacances ainsi que des activités scoutes au sein de l’église. Malgré ces activités, je me demandais où se trouvait Dieu dans ma vie. Je ne percevais aucune manifestation de sa part et les rares prières que je lui adressais semblaient rester sans réponse. Il est vrai qu’à cette époque, je ne cherchais pas de réponse dans la Bible, ni pendant les cultes qui m’ennuyaient et où je ne retenais rien. Après le bac, j’ai poursuivi mes études supérieures, mais je les ai arrêtées en plein milieu de ma deuxième année par manque de motivation. J’ai décidé de faire mes dix mois de service militaire obligatoire. À la fin de cette année, je me suis demandé quoi faire ensuite. Revenir à mes études ne m’enchantait pas, et trouver un emploi était une possibilité, mais lequel ? À aucun moment, je n’ai cherché à connaître la volonté de Dieu pour moi. C’est alors qu’une amie m’a parlé d’une association chrétienne qui accueille des enfants placés par les juges.

J’ai postulé avec mon B.A.F.A comme seul diplôme, et j’ai été recruté. Ce nouvel emploi a entraîné un autre déménagement, me ramenant dans ma région d’origine, plus proche de mon père mais plus éloigné de ma mère et de mon beau-père. J’ai rencontré ma future femme et, après deux ans de relation, nous nous sommes mariés. Ensuite, nous avons eu des enfants. Au bout de 11 ans, à la suite de plusieurs événements et de mauvais choix des deux côtés, j’ai entamé une procédure de divorce qui a été longue et difficile. C’est au début de cette période que j’ai commencé à ressentir des envies de suicide, sans pour autant passer à l’acte. J’étais complètement détruit psychologiquement et je me suis senti dévalorisé à cause des manipulations de mon ex-femme. Finalement, après deux ans, j’ai pu retrouver une stabilité personnelle. J’ai recommencé à voir mes enfants, j’ai retrouvé un travail stable où je m’épanouis, et j’ai renoué avec une vie sociale. Cependant, Dieu ne faisait toujours pas partie de ma vie. Je me suis moi-même laissé entraîner par mon autodestruction pendant plus de deux ans. Puis, un jour, j’ai été arrêté par la police, suivi d’une incarcération. Tout ce que j’avais construit s’est effondré : plus de travail, plus de logement, plus de contact avec mes enfants, le rejet de certains amis et membres de ma famille, une démoralisation extrême.

Comment décrire l’univers carcéral à quelqu’un qui n’a jamais séjourné en prison ou côtoyé un détenu ? Les films sont bien loin de la réalité. Au début de mon incarcération, tout était difficile. Je me suis retrouvé dans un lieu dont je ne connaissais pas les règles et les codes. Être enfermé 22 heures et demie sur 24 dans une cellule de 10 mètres carrés avec deux ou trois personnes, le grincement incessant des grilles, le bruit des clés dans les serrures, les hurlements des autres détenus. Il était impossible de trouver le sommeil, car les pensées se bousculaient dans ma tête, et me maintenaient éveillé était inévitable.

La cohabitation forcée avec les codétenus, qui n’avaient pas les mêmes habitudes, opinions, religions. Les programmes télévisés était exaspérant, avec des bruits constants. Les rondes de nuit toutes les deux heures, où les surveillants qui allumaient la lumière de la cellule. Le réveil à 7 heures tous les matins, même si on avait dormi seulement 3 ou 4 heures, voire moins. Les douches étaient autorisées un jour sur deux uniquement du lundi au vendredi, sauf les jours fériés, à 7 heures du matin. Si on n’était pas debout devant la porte avec nos affaires et notre serviette, la porte se refermait, et il fallait attendre deux jours, voire plus, avant de pouvoir prendre une douche. Il ne restait que le lavabo avec de l’eau froid e uniquement, car l’eau chaude en cellule n’est disponible que dans les prisons les plus récentes.

J’ai connu une période de deux mois en automne où l’eau de la douche était froide en raison d’un problème avec le système de chauffage. On ne savait jamais comment la journée serait occupée. On pouvait être appelé à n’importe quelle heure de la journée sans préavis. Les activités, le travail, les rendez-vous médicaux étaient souvent annulés cinq minutes avant l’heure prévue, sans avertissement. On se préparait, on attendait avec impatience, prêts devant la porte pendant 30 minutes, voire quatre heures, pour finalement voir aucune activité ni rendez-vous, sans aucune explication. Un surveillant nous disait simplement qu’il nous avait oubliés. En ce qui concerne le courrier, celui-ci est systématiquement lu -et censuré. Dans mon cas, pendant un an, il mettait un mois à parvenir au destinataire, et autant de temps, voire plus, pour obtenir une réponse. Par exemple, un courrier de mon frère a mis trois mois à me parvenir, sans oublier les courriers perdues. En ce qui concerne le téléphone, il ne m’a pas été autorisé d’appeler ma mère pendant les quatre premiers mois. Pour certains, ces délais peuvent être plus courts ou plus longs. J’ai un codétenu qui, même après cinq ans, n’a toujours pas le droit d’appeler sa femme. Il ne peut lui écrire que des courriers.

Nous ne sommes plus considérés comme des êtres humains. Par exemple, on ne nous appelle plus par notre prénom, mais uniquement par notre nom de famille. Il est interdit de nous appeler « Monsieur ». Dans la section des activités, il y a des toilettes réservées aux surveillants hommes, des toilettes réservées aux surveillants femmes, et les toilettes « détenus » où nous sommes enfermés à l’intérieur sans pouvoir sortir seuls. Les fouilles corporelles sont humiliantes, nous sommes obligés de nous dévêtir entièrement devant un surveillant et de prendre des poses particulières afin qu’il puisse inspecter chaque partie de notre corps. Nous devons attendre qu’il fouille nos vêtements avant de pouvoir nous rhabiller. Les fouilles des cellules et de nos affaires peuvent être très intrusives, avec un mélange de nos affaires avec celles d’autres détenus. Les boîtes de conserve que nous avons achetées, qui étaient fermées, peuvent être ouvertes et mélangées, les rendant inutilisables, ce qui nous oblige à les jeter.

A suivre…