« Mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie et il y en a peu qui les trouvent » Mat. 7 :14.
Cette question ne m’est pas venue quand mon prédécesseur m’a demandé de lui succéder dans la mission d’aumônier des prisons. Elle ne m’est pas venus, plus tard quand pour la première fois nous sommes entrés dans les cellules pour voir des détenus.
Elle a commencé à me titiller quand après avoir visité seul les détenus dans leur cellule C’est arrivé quand lors d’une cérémonie j’avais dit que j’étais heureux d’être aumônier mais que j’avais eu une certaine appréhension au début et là un détenu m’a dit : « tu as peur ». Ce n’était pas de la peur, du moins pas la peur vis-à-vis d’un ou d’autres détenus mais plutôt d’être parfaitement sincère, de ne pas savoir être moi-même, sans fard, sans me cacher derrière des paroles bibliques prononcées mécaniquement. C’est à ce moment-là que j’ai entrevus que les mots d’évangélisation, d’ambassadeur du Dieu de la bible étaient un but à atteindre et qu’il ne coulait pas forcément de source. Tania Metzer, l’une des premières aumôniers des prisons protestante, disait qu’elle était venu leur apporter Jésus Christ mais qu’il y était déjà. Donc cette porte étroite était bien en moi, certains diraient un blocage, et petit à petit grâce à certains détenus, j’ai pu franchir « cette porte » et essayer de mieux écouter, mieux accompagner, même si avec un peu de recul j’ai aussi eu le sentiment de m’être plusieurs fois fait « balader ».
Je pense en particulier à 2 prisonniers. L’un avait « blanchi sous le harnais du CD » mais grâce à sa culture, et une certaine intelligence de vie, m’a permis de me découvrir et aussi d’apprendre l’humanité qu’il a en chacun. L’autre était jeune et ne cesser de me reprendre car il connaissait la bible bien mieux que moi, et que beaucoup d’autres détenus, il me donnait l’impression d’être « un maitre de la LOI », en plus il avait réussi à avoir un diplôme qualifiant supérieur au bac (un BTS de Comptabilité) durant sa détention. Mais après avoir été ostracisé par d’autres détenus pour différentes raisons il était devenu plus humble et bienveillant. Lui aussi m’a permis d’être plus authentique et sincère. Ces 2 personnes sont maintenant libérées et j’en vois une de temps en temps, car il loge à seulement quelques kilomètres, avec l’autre nous avons correspondu et téléphoné durant 2 années mais l’éloignement nous a malheureusement séparé.
Autrement dit être aumônier des prisons c’est prendre parti pour une relation sincère et authentique, quel que soit la personne. J’ai aussi eu de la chance de rencontrer des détenus qui m’ont fait sortir de mon cercle habituel, de ma bulle protestante et sociale.