L’Église protestante unie Clermont-Auvergne

A Clermont-Ferrand, le temple, à l’architecture façon Le Corbusier, a fêté ses 50 ans en 2016. Dans cette région très catholique, l’Église protestante unie Clermont-Auvergne est néanmoins très vivante, soucieuse d’accueil et d’œcuménisme, et sachant vivre de l’intérieur les différences de sensibilité.

Une flèche haute d’une vingtaine de mètres tournée vers le ciel, dotée d’un vitrail et d’un puits de lumière éclairant l’intérieur du temple. Pour la façade, un air de Bible ouverte donnant envie de pousser la porte. C’est ainsi que le temple de Clermont-Ferrand, tout de béton brut vêtu, se tient au cœur de la ville, à proximité de la place des Salins, portant bien haut les couleurs de la seule église protestante unie du Puy de Dôme quand bien-même il aurait besoin d’être ravalé. A l’intérieur, un décor d’une grande sobriété, une belle fresque illustrant les étapes de la vie et des vitraux étonnants dessinés par le docteur Cheynel. Ce temple fut conçu par l’architecte Jean Marconnet, construit au début des années 60, grâce à la mobilisation des paroissiens, et inauguré en 1966 (1). Une paroisse marquée par le pasteur Alphonse Maillot qui y aura exercé son ministère durant une vingtaine d’années jusqu’en 1977. « Clermont-Ferrand est avant tout une ville épiscopale. Le protestantisme y est revenu peu à peu dans le courant du 19ème siècle via des groupes missionnaires d’évangélistes. Et, pendant la seconde guerre mondiale, la faculté de théologie protestante de Strasbourg s’est installée dans la ville », raconte Patrick Aublet, pasteur de l’EPUdF de Clermont-Ferrand depuis 2011. Ce sont donc aujourd’hui quelque 400 familles qui composent la paroisse, dont près de la moitié participe à la vie financière de l’Église. « Une communauté bien vivante constituée de familles historiques, de passage chez Michelin pour des raisons professionnelles, et quelques personnes nouvelles, sans attache antérieure avec le protestantisme, très présentes et qui ont soif de l’Évangile », précise Alain Chapon, président du conseil presbytéral. Du côté des jeunes, un groupe d’éveil à la foi pour petits « Raconte-moi une histoire » tous les dimanches, une quinzaine d’enfants à l’école biblique, une petite dizaine au catéchisme accueillis tous les quinze jours le samedi après-midi (avec un culte des familles une fois par mois) et un groupe d’étudiants tous les quinze jours. « De surcroît, depuis deux ans, un culte de louanges est organisé le dimanche à 18h. Un culte, suivi d’un repas, qui réunit une trentaine de personnes », apprécie Alain Chapon.

Si la paroisse est unique dans le Puy de Dôme, elle peut cependant s’appuyer sur le renfort de deux autres temples pendant l’été, l’un à Royat, l’autre au Mont Dore avec un culte tous les dimanches en juillet et août, dans ces deux villes thermales fort prisées des touristes. Patrick Aublet et Matthias Helmlinger, autre pasteur exerçant son ministère à mi-temps, peuvent aussi compter sur une équipe de huit prédicateurs dont trois paroissiens étudiants en théologie (Paris et Genève) et une femme professeure à l’Institut Catholique de Clermont-Ferrand dotée d’un double doctorat en théologie et économie. Sachant que ces prédicateurs bénéficient d’une formation spécifique pour apprendre à construire un culte autour d’un texte liturgique.

Les défis de la communauté

clermont-ferrand-int-1-web« Il s’agit aussi de construire une communauté autour de cette dispersion géographique qui caractérise notre paroisse, observe Patrick Aublet. D’autant que les paroissiens affichent des sensibilités différentes avec des expressions plus évangéliques pour certains, tandis que d’autres seront plus libérales. La foi est commune, nous partageons les mêmes fondamentaux, mais elle s’exprime de façon différente. Il faut donc montrer les variétés d’expression autour d’une même foi avec certains cultes plus évangéliques et d’autres plus réformés. » Du reste, l’EPUdF de Clermont-Ferrand cultive le relationnel avec les trois églises évangéliques de la ville, membres de la FPF, soit avec les Adventistes, les Baptistes et l’Église du Réveil. Idem avec les quatre paroisses catholiques et les deux paroisses orthodoxes (roumaine et grecque). Soit dix églises chrétiennes au sein d’une agglomération de près de 262 000 habitants !

Autrement dit, une dimension œcuménique importante.  Cet aspect se traduit, entre autres, par l’organisation d’un Festival de Théâtre Biblique tous les deux ans depuis 18 ans avec les autres paroisses chrétiennes. Le 9ème festival ayant eu lieu en octobre 2017. Un franc succès pour ce festival qui dure une semaine autour d’une dizaine de pièces accueillant de nombreux spectateurs et des acteurs connus, tels Brigitte Fossey et Michael Lonsdale. Certains spectacles sont donnés dans les centres hospitaliers, en prison et dans les établissements scolaires. C’est ce même esprit d’ouverture et d’accueil de l’autre qui a conduit la paroisse, en partenariat avec l’Association familiale Protestante d’Entraide (AFPE), à accueillir depuis 2015 trois familles de Syriens, une famille angolaise, une famille rwandaise, une famille nigériane et une famille albanaise. « Une Église accueillante, témoin de Jésus Christ et à l’écoute de l’Esprit Saint », conclut Alain Chapon.

Marie Piat

  • Église protestante unie Clermont-Auvergne – 11, rue Marmontel 63000 Clermont-Ferrand. Tél : 04 73 34 81 30 – https://sites.google.com/site/erfclermontauvergne/